Israel Shamir

The Fighting Optimist

Après la victoire de Gaza, l’effondrement du DHOGME

[Une conférence internationale s’est tenue à Téhéran du 3 au 5 mars 2009 sur le thème “Palestine, le symbole de la résistance, Gaza, la victime du crime”. Le texte ci-dessous y a été lu dans la commission “Politique et résistance”. Pour plus de détails sur la tonalité de cette conférence, voir l’interview télévisée de Maria Poumier par Zahra, la chaîne iranienne d’expression française, surhttp://www.centre-zahra.com ]

Les massacres de Gaza, tels un boomerang, se sont déjà retournés contre les assassins, a écrit René Naba [2] , constatant que cette initiative a tué la crédibilité de l’Etat d’Israël, qui ne peut plus désormais prétendre à la considération de l’Occident, puisqu’il voudrait que lui soit reconnu le « droit » de massacrer les Palestiniens, et que le nettoyage ethnique soit reconnu comme un droit pour lui seul. L’entité sioniste revendique ouvertement un privilège exorbitant : celui de commettre des crimes de masse en toute impunité ; et elle voudrait en outre que les lois punissent pour antisémitisme toute référence à l’universalité des principes de l’éthique et du droit quand il s’agit de ses crimes. Les soi-disant démocraties occidentales, issues de la défaite de l’Allemagne en 1945, avaient lancé les concepts de « génocide » et de « crime contre l’humanité » pour désigner les entreprises d’extermination contre des groupes humains spécifiques. Toute une législation s’est bâtie sur l’idée que les juifs européens avaient été victimes de la mise en pratique d’un projet génocidaire sans précédent, et que ce crime était tellement exceptionnel que, contrairement à tous les autres crimes, il devait être imprescriptible dans le temps. Mais après la victoire de Gaza, les penseurs antisionistes peuvent célébrer leur triomphe complet, car c’est le cœur même de l’idéologie sioniste qui est atteint. En effet, l’Etat d’Israël et les lobbies pro-israéliens, qui prétendent ancrer la légitimité d’Israël dans la réparation d’un génocide, n’ont désormais plus aucun argument, ni sur le plan religieux, ni sur le plan de la rationalité élémentaire, ni sur le plan du droit universel. C’est le fondement même de l’Etat israélien qui s’évanouit.  

I L’ampleur de la contestation du privilège de la souffrance juive  

– Se sentant dans une position d’immense faiblesse matérielle, mais d’autant plus forts moralement, Africains et descendants d’Africains ont choisi en 2001, lors de la conférence de Durban organisée par l’ONU sur le racisme, de reprendre les termes mêmes des textes officiels sur génocides et crimes imprescriptibles contre l’humanité, ainsi que les applications juridiques qui en découlent. Ils tentent depuis lors d’obtenir des réparations comparables à celles qu’extorque l’entité sioniste sous prétexte de génocide et de crime contre l’humanité juive. Nous avons tous les documents comptables permettant d’évaluer les crimes liés à la déportation de masse et à l’esclavage industriel pratiqué par l’Europe pendant des siècles. Il est donc facile de calculer la dette de l’Europe envers l’Afrique. Mais les efforts parfaitement légitimes des Africains et descendants d’Africains provoquent un rejet automatique de toutes les instances sionistes, juives ou non. Ce rejet est spectaculaire, et très utile à la prise de conscience mondiale, car il met en évidence que l’argumentation officielle pour faire admettre en droit les notions de génocide et de crime imprescriptible contre l’humanité est fallacieuse : dans l’esprit de ses concepteurs, il ne s’agissait que de donner une assise législative au privilège exclusif que les sionistes voulaient s’arroger !  

– Un autre argument, dépassant largement l’intérêt spécifique des Africains , est invoqué par des descendants d’Africains déportés en Amérique: quelle que soit la dimension exacte de la persécution contre certains groupes d’Européens pendant cinq ans durant la guerre civile intra-européenne de 1940 à 1945, elle ne saurait être plus systématique que celle qui a été pratiquée systématiquement par les Européens sur les Non-européens pendant quatre siècles, qu’il s’agisse de la chasse aux autochtones américains (implacable dans les Caraïbes et en Amérique du Nord), de la déportation meurtrière des Africains, ou des massacres organisés en Amérique, en Afrique, en Océanie et en Asie pour s’imposer militairement. Or, comme l’a dit le poète Aimé Césaire dès les années 1970, les Européens ne s’indignent que des massacres commis sur des Européens ! Leur sentimentalisme à propos de l’holocauste germano-juif ne saurait donc constituer une référence éthique, et il est temps de souligner l’hypocrisie de l’hystérie occidentale sur un sujet qu’ils caressent d’une façon obscène.

– Le président Ahmadinejad a depuis 2006 formulé l’argument logique qui fait l’adhésion du monde entier : pourquoi les Palestiniens devraient-ils payer pour des crimes commis en Europe par des Européens contre d’autres Européens ? C’est un argument de simple bon sens, à la fois strictement rationnel, et basé sur le sens élémentaire et universel de la justice. La campagne mondiale pour que les criminels de guerre israéliens soient jugés après Gaza repose sur la même logique élémentaire et irréfutable. Ainsi, on peut dire que désormais l’Afrique globale et l’Asie globale ont répondu par des arguments divers mais convergents à la dernière tentative de l’Europe globale pour imposer sa domination hors de son territoire naturel par des sophismes, ce qu’a été la création frauduleuse de l’Etat d’Israël, manigancée par USA et Grande Bretagne pour leur servir de tête de pont coloniale, tentative désormais condamnée irrémédiablement.

– Le carnage de Gaza nous fait voir à son tour l’Amérique globale se dresser contre les privilèges sionistes: le pays où la population autochtone a gardé le plus de force, en nombre et en fidélité à sa culture, la Bolivie , a expulsé l’ambassadeur des USA et fermé la représentation d’Israël. Ce double geste magnifique est issu de la logique du « soummoud » de la fidélité à la terre, que les Aymaras et Quechuas appellent d’un seul nom, la Mère. Pour eux, défendre leur terre (où les USA prétendaient organiser une sécession territoriale) et défendre l’attachement des Palestiniens à la Palestine , c’est obéir à un seul et même impératif. Le Venezuela a pour sa part expulsé l’ambassadeur d’Israël ; il s’agit d’un pays plus occidentalisé, riche, moderne et indépendant dans sa diplomatie, régulièrement attaqué par la colonie sioniste qui y réside, et par les médias sionistes. Le prestige du Venezuela est immense dans le monde arabe, parce que la dynamique portée par le président Chavez est soutenue par le grand projet d’unification du continent hispano-américain dans la souveraineté et sur des bases de justice sociale qui était celui de Simon Bolivar, héritier direct de la générosité du penseur français Jean-Jacques Rousseau. Le président Chavez est donc respecté en tant que porteur de la tradition grandiose de son pays, que les Arabes et les musulmans en général voudraient faire triompher chez eux. Enfin, l’autre pays phare de l’Amérique résistante à l’impérialisme occidental, Cuba, qui subit un blocus voté exclusivement par deux superpuissances depuis 40 ans, les USA et l’Etat d’Israël, a ramené le débat sur le terrain de la simple historiographie, par la voix de son président historique, Fidel Castro: le 13 février 2009, celui-ci a rappelé dans une lettre publique que c’est l’URSS qui a libéré de la captivité des millions de personnes, parmi lesquelles de nombreux juifs – mais sans la moindre exclusivité – alors que les Etats-Unis n’avaient rien fait pour protéger les détenus d’Auschwitz. Par la résonnance de ces trois fortes voix, Evo, Chavez, Fidel, c’est l’Amérique globale qui porte à son tour un coup fatal aux prétentions sionistes de contrôle sur le discours. Rebondissant à son tour, la Mauritanie rompt ses relations diplomatiques avec Israël, montrant que la dynamique issue de la victoire de Gaza se répand et qu’elle est irréversible.

– Les juifs les plus honnêtes, aux USA, en Israël et ailleurs assènent eux aussi, en tant que tels, des coups mortels aux Maîtres du discours, depuis une dizaine d’années. Reprenant leur tradition universaliste, celle qui a donné son souffle planétaire au marxisme, les intellectuels juifs laïques soucieux de justice sociale sont souvent les plus frontaux et plus agressifs depuis des années contre le lobby pro-israélien, parce qu’ils perçoivent à juste titre que celui-ci conduit inéluctablement à la haine généralisée contre les juifs. Les Israël Shamir, Ilan Pappe, Paul Eisen, Norman Finkelstein, Gilad Atzmon, Jeffrey Blankfort, Michael Neuman etc, reprenant l’héritage d’Israël Shahak, démontrent en multipliant les publications inspirées par la générosité de la gauche, que le sionisme est dangereux pour tous les Occidentaux, de même que Marx avait édifié une critique implacable du capitalisme, parce qu’il en connaissait les racines, perversement dérivées des traditions juives. Et ces laïques juifs radicaux sont en parfait accord avec les juifs les plus religieux, qui soulignent la criminalité des sionistes, bien avant la deuxième guerre mondiale, contre les juifs eux-mêmes ; c’est précisément le point d’histoire sur lequel enquêtent et prêchent les rabbins « Neturei Karta », qui remercient le président Ahmadinejad pour ses efforts afin de démanteler pacifiquement et rapidement l’entité sioniste.

 

II C’est maintenant l’Europe globale qui élève la voix, à partir de sa tradition culturelle propre

L’Europe s’est vidée de sa sève dans les tueries auxquelles elle s’est livrée chez elle en déclenchant deux guerres mondiales au XXème siècle, après avoir saigné les autres peuples. Vue depuis les autres continents, c’est un grand corps inerte qui se laisse remorquer, telle une épave, par les USA ; tout ce qui lui reste de vitalité s’épuise dans les soubresauts de ses vieilles querelles idéologiques périmées. Mais on peut enfin percevoir ses arguments propres contre le mensonge sioniste, issus de sa tradition singulière, parce que les jeunes générations fortes de l’esprit des autres régions du monde dont proviennent leurs parents s’en font l’écho, l’épée et le bouclier. Le front uni, toutes idéologies et générations confondues, qui se constitue en ce moment en Europe contre les principes fondateurs de l’Etat d’Israël permettra à l’Europe globale de de retrouver l’honneur, cet honneur que l’Occident a fini de perdre avec le dernier de ses délires d’impérialisme mondial, le soutien à la création frauduleuse de l’Etat sioniste.

La particularité de la culture européenne, ce qui la distingue de toutes les autres cultures au monde, est d’avoir scindé en deux l’exercice de la connaissance, en séparant radicalement philosophie et religion. D’une part le christianisme et sa théologie, de l’autre la raison conquérante, s’efforçant de dompter sans relâche l’esprit lui-même, les hommes et leur environnement. Dans la théologie européenne, l’accent est mis sur l’incarnation de Dieu en une personne singulière, précise, Jésus, celui qui réussit effectivement à partir de sa mort en martyr à convertir une grande partie des juifs à la religion de l’amour ; dans la philosophie européenne recherchant l’abstraction la plus universelle, l’accent est mis sur la beauté parfaite et la puissance de la méthode rationnelle, discursive, pour déchiffrer le réel. Nous assistons en ce moment à la rencontre des deux exercices, celui de la théologie chrétienne et celui de la méthode scientifique, telle qu’elle a été exaltée dans sa qualité diamantine par Descartes : telles les deux branches d’une pince, elles convergent désormais pour fracasser l’ossature idéologique du sionisme.

– D’une part quelques religieux très soucieux de fidélité à la tradition, à la racine de la spiritualité européenne, s’expriment contre la falsification du dogme chrétien qu’impliquerait la soumission au dogme sioniste du caractère unique, absolument exceptionnel, des persécutions subies par les juifs entre 1940 et 1945. Pour ne pas répéter le détail de ce que recouvre ce dogme fallacieux, je propose de m’y référer simplement comme le DHOGME « Dogme de l’Holocauste » ou « Dogme de l’Unicité des Persécutions Contre les Juifs ». Il s’agit bien d’implanter un culte, comme le prouve l’habitude des dirigeants politiques d’aller s’incliner devant le monument de Yad Vashem comme préalable indispensable s’ils aspirennt à être des interlocuteurs de l’entité sioniste. Pour les chrétiens, nul groupe humain ne saurait prétendre que ses souffrances méritent un culte, c’est une supplantation inadmissible du rôle de Jésus-Christ, l’innocent dont les souffrances parfaitement injustes ont précisément racheté l’humanité, et commandent de surmonter la colère due aux pires injustices, au nom de la reconstruction de l’humanité par l’amour. Mgr Williamson et le père Floriano Abramowicz en Italie ont prononcé les paroles décisives pour que tous les chrétiens redécouvrent le caractère primordial de cette logique fondatrice du christianisme, aux antipodes de la théologie des pharisiens telle que le Jésus historique la combattait, la pseudo-théologie judaïque à laquelle les sionistes prétendent se référer. Les médias voudraient nous faire croire que ces deux chrétiens exceptionnels sont isolés, et que les chrétiens d’Occident sont des alliés convaincus du sionisme. Mais cette situation est provisoire, l’Eglise est travaillée en profondeur à la fois par l’argumentation strictement rationaliste et par le sacrilège que constitue le DHOGME [3].

– D’autre part le peuple découvre et admire le travail de Robert Faurisson, l’historien pionnier qui affronte sur le terrain des récits de la Seconde guerre mondiale le DHOGME, depuis bientôt 40 ans. Cette curiosité nouvelle et générale s’est manifestée dans les applaudissements de 5000 personnes réunies autour du comédien antisioniste Dieudonné, qui avait lui-même invité Robert Faurisson à son spectacle, et l’a fait applaudir à son tour. Les médias occidentaux relaient bien involontairement les deux dynamiques, celle qui part de l’univers religieux, et celle qui part du bon sens populaire, chaque fois qu’ils rendent compte de la moindre manifestation de la révolte européenne contre l’idéologie sioniste. Le simple énoncé des faits, de la multiplication des faits, alors même qu’elle est assortie de vitupérations et d’insultes, suffit à faire progresser la prise de conscience de la duperie sioniste.

 

– Je ne m’exprimerai pas sur les conclusions des recherches historiques de Robert Faurisson, parce que la loi française me l’interdit. Robert Faurisson utilise exclusivement la méthode cartésienne pour invalider le DHOGME, l’applique avec une minutie digne des miniaturistes persans, et montre que ses adversaires ne la respectent pas. La loi française interdisant d’en discuter est en profonde contradiction avec la tradition cartésienne française. On ne connaît, souligne Robert Fraurisson lui-même, dans le monde occidental, qu’un seul exemple de loi interdisant le débat d’historiens sur une période historique donnée, en République dominicaine, sous la dictature d’un tyran qui n’a laissé que de mauvais souvenirs à son pays, le général Trujillo, fantoche au service des USA. Les Iraniens ont donc le privilège d’être mieux informés que les Français sur la teneur des arguments de Robert Faurisson et de ses disciples, qu’il nous est pour le moment interdit de répéter, ce qui extrêmement humiliant pour les Français ! En tant que Française, mon but est d’aider la France à retrouver son honneur et le respect des autres nations en convainquant les Français de la nécessité de faire évoluer son actuelle législation monstrueuse. Je remercie les autorités iraniennes de me donner ici, à l’occasion de cette conférence internationale sur la Palestine, une chance unique de proclamer précisément ce que les patrons de la presse française refusent de transmettre. Je vais m’attacher à montrer que, même dans le cadre du respect d’une certaine loi française absurde, on peut en finir avec l’usurpation mortifère de la parole publique par l’entité sioniste.

– L’adhésion populaire à l’antisionisme, et l’indignation face au dogme sioniste de l’unicité des persécutions endurées par les juifs d’Europe entre 1940 et 1945, n’est pas nouvelle. Elle s’est exprimée par la voix de Roger Garaudy dès 1995, avec son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne. Roger Garaudy appartient à une famille chrétienne modeste. C’est à elle qu’il doit au départ sa formation spirituelle et sa foi en l’humanité, par delà ses crimes, et par delà les persécutions qu’il a subies lui-même de la part des institutions françaises et en provenance de son propre camp idéologique. C’est la foi en l’homme, et la passion de la justice sociale, qui l’ont fait grandir, et l’ont fait respecter en tant que philosophe et en tant que communiste. En tant que communiste, il est considéré comme le ministre de la culture du communisme international des années 1950-1973. Il a été rejeté ensuite par les autorités communistes françaises lorsqu’il s’est opposé à l’intervention russe en Afghanistan. Par là, il défendait la souveraineté du monde musulman, et il tentait de ramener le communisme à sa dimension spirituelle originaire, celle de réalisation de la justice sociale en accord avec la tradition laïque et rationaliste européenne, qui n’a jamais inclus l’impérialisme ni la tyrannie dans ses principes, quoique bien des usurpateurs, à partir de Napoléon, aient voulu le faire croire. Roger Garaudy s’est ensuite converti à l’islam, sans renier ses engagements chrétien et communiste. Sa conversion signifiait pour lui l’intégration à « la religion dominante parmi les dominés », elle était donc l’aboutissement le plus logique possible, le plus cartésien, de sa passion religieuse pour la justice. Et il continue à affirmer que toute sa vie s’est organisée comme fidélité au message de Jésus. Par la richesse et la cohérence de sa trajectoire, Roger Garaudy reste une image vivante de la sensibilité populaire française, malgré les persécutions politiques qu’il a endurées sans une plainte, comme il avait accepté d’aller en camp de concentration et d’être condamné à mort quand il résistait au nazisme.

 

– Ce qui est nouveau, c’est la persécution à très grande échelle, par les défenseurs de l’entité sioniste, de tous ceux qui, comme Roger Garaudy, s’attaquent au cœur du DHOGME. En effet, nous assistons à des tentatives désespérées pour faire appliquer dans chaque pays une directive acceptée du bout des lèvres par le parlement européen, interdisant le débat sur le DHOGME. Il s’agit d’instaurer partout des lois comparables à la loi Gayssot de 1990. C’est en Allemagne, pays occupé militairement encore aujourd’hui, et qui a le statut de vaincu depuis 1945, que les juges, entièrement soumis à l’Etat d’Israël, exercent la répression la plus violente et visible. Même l’avocat d’une personne accusée d’insoumission au DHOGME peut se retrouver en prison à la sortie d’une audience (Cas de Sylvia Stoltz). On compte en Allemagne des centaines de prisonniers politiques, pour violation du DHOGME, dont l’ingénieur chimiste Germar Rudolf. L’Allemagne se permet en outre de faire capturer dans d’autres pays des étrangers, et de les juger pour des soi-disant délits qui ne sont pas poursuivis dans leurs propres pays, tels l’Anglais David Irving et le Canadien Ernest Zundel (des tentatives sont en cours contre l’Espagnol Pedro Varela, l’Australien Frederik Toben, les Français Vincent Reynouard et Robert Faurisson). L’Allemagne ne craint pas de faire condamner plusieurs fois une personne pour les mêmes simples paroles : ainsi l’avocat Horst Mahler, condamné à 73 ans à 6 + 4 années de prison, et plusieurs procès l’attendent encore. En ce moment, la seule limite à la répression est l’abolition de la peine de mort, générale en Europe. Mais lorsque des peines de prison ne sont pas prononcées, les sanctions financières sont énormes. Dans des pays où toutes les activités sont entièrement encadrées par le carcan monétaire, c’est une technique d’étouffement efficace, parce qu’elle dissuade absolument tous les relais de transmission de jouer leur rôle: journalistes, éditeurs, magistrats et avocats, tous sont muselés par les procès ruineux qui les guettent à la moindre tentative.

 

– Le cas le plus extraordinaire de persécution d’un résistant au DHOGME est celui d’un Israélien, écrivain au talent immense, qui se trouve évacué de la circulation des idées et de tout débat, simplement par l’effet de contagion de la condamnation financière de ses éditeurs en France : Israël Adam Shamir, Russe de naissance et Palestinien d’adoption, auteur traduit en 20 langues et très admiré par d’innombrables lecteurs sur internet, a d’abord été publié, en 2003, par un éditeur prestigieux, Balland, associé à un éditeur courageux, Blanche. Le CRIF a obtenu que son livre L’Autre visage d’Israël , soit retiré de la vente ; peu de temps après, Balland déposait son bilan. Un pieux éditeur musulman de Paris, seul, a eu le courage de rééditer le livre : Al Qalam, 220 rue Saint-Jacques, 75005 Paris, puis a été condamné à une amende de 15 000 euros. Pas un journaliste, pas un intellectuel, pas un académicien, pas un député, pas un religieux n’a osé prendre la défense des éditeurs ou de l’auteur. Pas un seul n’a même transmis au public d’information sur cette affaire monstrueuse. Pas un seul antisioniste n’a osé souligner que Shamir est justement le penseur israélien le plus important, car c’est celui qui contribue le plus courageusement par le discours au démantèlement pacifique et rapide de l’Etat d’Israël, comme le demande le monde entier. En fait Israël Adam Shamir est celui qui attaque avec le plus de profondeur le DHOGME. Dans son livre le plus récent, il démontre que les sionistes s’accrochent à leur DHOGME irrationnel simplement comme outil pour mesurer le degré de servilité des Occidentaux, et donc mieux cibler les résistants à éliminer préventivement, comme ils le font en Palestine. Ce faisant, d’ailleurs, ils nous permettent à tous de constater que les plus courageux, comme en Palestine, sont aussi les plus dangereux pour l’entité sioniste. Pour rompre l’encerclement, nous avons adressé à une centaine d’intellectuels, journalistes, religieux et députés, en janvier 2009, un exemplaire du livre en question – publié aux USA, en France c’est impensable – La Bataille du Discours par Israël Adam Shamir [4]. Si ces lecteurs prestigieux persistent dans leur silence, ce sera au moins une indication qu’ils ne le trouvent pas scandaleux…

Auteur d’articles admirables de défense du Hamas en Palestine et du Hezbollah au Liban, défenseur sans peur de la conférence de Téhéran sur l’Holocauste en 2006 et du droit des historiens à enquêter sur tous les sujets, Shamir s’est converti au christianisme orthodoxe palestinien pour rompre définitivement avec le principe de gouvernement des sionistes qui consiste à appliquer des lois différentes aux juifs et aux autres. Les campagnes actuelles pour le boycott d’Israël, à l’imitation des campagnes contre l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980, sont le développement exact de ce que Shamir défend depuis le début de la Deuxième intifada, en 2000. Ce que tous tentent de cacher parce que cela nous fait honte à nous tous les Occidentaux, c’est que Shamir s’est converti au christianisme selon la même logique de fraternité que Mordechai Vanunu, le héros israélien qui a révélé au monde la puissance nucléaire d’Israël ; l’ingénieur Vanunu a fait pour cela 18 ans de prison, et reste traité, en Israël, comme un prisonnier chez lui, n’ayant pas le droit de s’exprimer avec le moindre journaliste…

Et voici maintenant les bonnes nouvelles en provenance d’Europe:

  • En Espagne, le Tribunal Constitutionnel a établi qu’il est conforme à la constitution et à l’esprit de la démocratie de protéger la recherche scientifique et donc de débattre sur n’importe quel génocide [5] . Par cette décision, c’est tout le peuple espagnol qui montre sa volonté de combattre le DHOGME. En effet, l’arrêt du Tribunal Constitutionnel est l’aboutissement du combat judiciaire d’un éditeur qui n’hésite pas à défendre les idées de Robert Faurisson à travers de nombreux titres, et qui publie, seul contre tous, Israël Adam Shamir.
  • En Italie, alors que la presse annonçait l’approbation par les députés d’une directive européenne rendant obligatoire la soumission au DHOGME, la manœuvre sioniste a échoué à la dernière minute. [6]
  • En France, les sionistes n’ont toujours pas réussi à faire condamner Robert Faurisson pour falsification de l’histoire ; ils parviennent tout au plus à le faire condamner pour insoumission « antisémite » au DHOGME, mais jamais pour violation des normes de la recherche historique, ce qui est très important pour les Français, se considérant tous comme les meilleurs héritiers de Descartes et de la rationalité en général. Ainsi donc, malgré les pressions sionistes, et à leur corps défendant, les juges français confirment que la loi Gayssot est une loi despotique validant l’absurdité et condamnant la rationalité !
  • En France encore, plusieurs procès ont eu lieu récemment contre des paramilitaires sionistes prétendant justifier des agressions physiques contre des militants antisionistes par la défense du DHOGME. Et ces procès débouchent sur des condamnations, ce qui n’arrivait jamais auparavant ! (affaires Shoemann, Skandrani etc)
  • Sur internet, la bataille pour la censure autour de tout ce qui combat le DHOGME ne donne aucun résultat, au contraire, les sites rebelles prolifèrent dans toutes les langues, les mises en place de filtres, par exemple sur le site légendaire où l’on peut lire les œuvres complètes de Robert Faurisson (tel http://www.aaargh.codoh.com  ) sont contournés de mille façons, etc.

La résistance extraordinaire de Gaza a entre autres effets celui de fortifier le sens critique contre les fondements de l’entité sioniste. Celle-ci prétendait écraser par le massacre la volonté de résistance locale, et intimider par une démonstration de férocité le reste du monde. Mais les lobbies pro-israéliens, dans chaque pays, se trouvent maintenant à la défensive et contraints d’étaler leur volonté de censure et de répression, d’avouer la fonction purement policière du DHOGME. A partir du moment où la répression et la censure deviennent voyantes, leur effet est annulé. Rien ne peut arrêter les vérités importantes, parce qu’elles sont indissolublement liées à la beauté et à la justice, comme l’a établi en raison pure la philosophie européenne, ce qui nous a été transmis depuis les dialogues de Platon. Au contraire, l’absurdité, lorsqu’elle se joint à l’abus de la force sur les innocents et à la laideur de ce qui n’est commandé que par la rapacité, suscite la multiplication de la résistance par elle-même, à partir des horizons les plus divers. L’horreur de Gaza est le socle sur lequel est en train de se redresser l’Europe globale ; nous retrouvons notre humanité dans un projet réunissant droite et gauche, religieux et laïques, prolétaires et élites, chrétiens, musulmans, juifs et autres encore, Européens de souche et de branche, jeunes et vieux, contre nos lobbies pro-israéliens, dans chaque pays ; et les malfaiteurs découvrent qu’ils sont seuls et qu’ils ont définitivement perdu la guerre. Comme l’a écrit le révolutionnaire vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, dit « Carlos », détenu en France pour avoir organisé l’attaque antisioniste d’Entebbe, « la vérité peut être elle aussi dévastatrice lorsqu’elle met à nu les turpitudes morales de l’ennemi. Car, à un certain niveau, ces mêmes turpitudes deviennent d’insignes faiblesses. Tous nous devons, chacun d’entre nous doit, en conséquence, œuvrer à dénoncer inlassablement et flétrir les ruses d’un système dont la perversité morale est inégalable à ce jour. Notre combat est d’abord idéologique car il nous faut d’abord abattre les murailles de mensonge qui protègent la citadelle de l’iniquité… » [7]. C’est ce que nous faisons tous à Téhéran, et nous remercions le Hamas et les Gazaouis de nous donner l’exemple, sans hésiter à en payer le prix. Soulignons enfin la parenté spirituelle entre Garaudy et « Carlos », l’un représentant la génération de la guerre et de l’indépendance de l’Algérie, l’autre la jeunesse disciple du premier ; tous les deux étaient issus de familles chrétiennes ; tous deux ont donné leur vie au combat anti-impérialiste, et tous les deux ont découvert la nécessité pour eux de l’islam révolutionnaire, après avoir constaté dans l’action l’impasse que constitue un combat sans référence spirituelle. Dans l’Europe à demi-morte, l’islam aide, en ce moment, la tradition chrétienne à renaître et à reprendre son rôle vital contre la déshumanisation de l’homme occidental.

[1] Spécialiste de l’histoire et de la littérature latino-américaine et traductrice ; maître de conférences successivement à l’université de la Havane et dans plusieurs universités française, dont Paris VIII Saint-Denis, jusqu’en 2003.

[2] http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=NAB20090213&articleId=12292

[3] Voir: http://www.plumenclume.net/textes/2009/Europe/chretiens/credo-in-unam-shoam-050209.htm

[4] La Bataille du discours est disponible au catalogue de la FNAC et sur http://www.amazon.com ; il peut également être commandé en librairie et à l’Association entre la Plume et l’Enclume (voirhttp://www.plumenclume.net/textes/2008/adhesion-commandes-epe.htm )

[5] http://www.plumenclume.net/textes/2007/arretconseilcontitutionnelesp011207.htm

[6] http://www.plumenclume.net/textes/2007/Italie080507.htm

[7] Ilich Ramírez Sánchez « Carlos », propos recueillis par Jean-Michel Vernochet dans L’islam révolutionnaire , Paris, 2003, p. 235.

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