Celui qui veut devenir président des USA doit prêter allégeance à Israël, jurer pleine et entière soumission aux exigences d’Israël. Il faut se précipiter à l’AIPAC et déclarer son amour éternel de l’Etat juif. C’est un truisme, Monsieur de La Palisse était bel et bien vivant un quart d’heure avant sa mort.
Jusqu’au moment où Bernie Sanders a renversé l’échiquier et changé la donne. Nous ne savons pas encore si son jeu va réussir et s’il sera adoubé comme le prochain président. Nous ne savons même pas s’il arrachera la primaire des mâchoires de Mrs. Clinton. Mais il a d’ores et déjà remporté une grande victoire, il a fait chuter le pilier central du régime.
Rien d’étonnant à ce que ce soit un juif qui en finisse avec l’hégémonie juive aux US, comme Gorbatchev le communiste avait secoué la férule communiste en URSS. Il y a des systèmes trop solides et impénétrables pour une attaque extérieure ; c’est la poussée du dedans qui finit par briser la coquille de l’œuf.
Bernie Sanders a fait un certain nombre de choses impensables, dans le bref déroulement de sa campagne. Il a refusé d’aller à la convention de l’AIPC, où les puissants et haut placés de tout poil sont censés venir lécher la botte juive. Même Donald le Terrible n’a pas posé prendre ses distances, mais Bernie l’a fait. Il a engagé la vaillante Simone Zimmermann comme coordinatrice envers les électeurs juifs, la fille qui avait écrit : « Va te faire f… , Bibi », et qui a qualifié le premier ministre israélien de minable manipulateur. Ce même Bibi que le Sénat et le Congrès avaient reçu avec des ovations telles qu’on n’en avait plus vu depuis les Congrès du Parti quand Staline prenait la parole. Certes, Bernie l’a suspendue, mais l’exploit avait eu lieu.
Bernie Sanders a poussé Mme Clinton dans le mur, la forçant à répéter le schéma complètement ringard des « terroristes arabes » contre le « si courageux Israël », et pire encore : il a fallu qu’elle se défende. Jamais un homme politique américain n’avait eu à se justifier d’une accusation de complaisance pro-israélienne. Cela n’était même pas envisageable. Lors de la rencontre avec les Républicains, nous avons assisté à une scène « normale » : Cruz accusant Trump d’être mou avec Israël, et Trump se défendant à contre cœur. Lors du duel démocrate, Clinton s’est retrouvée en position d’accusée, et n’a pas pu en sortir, ce qui est un immense basculement.
Le plus bel exploit de Bernie, c’est son pèlerinage à Rome, et sa rencontre à l’aube avec le pape. Juste avant la primaire décisive de New York, au lieu d’aller à Wall Street et de prendre un banquier dans ses bras, au lieu de foncer à Brooklyn (sa ville d’origine) pour embrasser un rabbin, Sanders a quitté New York et il a fait la chose la plus anti-juive qu’un juif puisse faire ; aller plier le genou devant le Vicaire du Christ.
Malgré son pluralisme tant vanté, et sa célèbre tolérance, l’establishment juif est aussi anti-chrétien et hostile à l’Eglise qu’au Moyen-Age. Je l’ai appris à mes dépens, la première fois où j’ai mentionné le Christ en 2002, en un battement de cil j’étais passé du statut de vaillant Israélien populaire à celui de Suédois néo-nazi (il y a des centaines de pages dans les archives de Wikipedia, farcies de ce genre de griefs).Les journaux juifs ne mentionnent l’Eglise que dans deux cas : pour parler des prêtres pédophiles et pour exiger plus de repentance à l’Eglise. Ils détestent le pape pour plus de raisons que je ne saurais en lister ici. L’audience de Sanders a été un pas en avant très audacieux, pour défier les juifs et l’establishment libéral.
Pourquoi “et l’establishment libéral” ? Appliquons le rasoir d’Occam à la phrase ci-dessus : « Les Juifs sont l’establishment libéral à Washinton… Les juifs américains ont un véritable pouvoir socio-politique en ce moment dans la vie américaine », selon les termes de Philip Weiss. Et voilà que ce même establishment juif libéral se trouve miné par l’un d’entre eux.
En Israël, l’homme de la rue est bruyamment hostile à Sanders. « Ce n’est pas un juif », ont-ils dit à l’équipe de Mondoweiss. Mais les juifs US semblent divisés, entre AIPAC et Sanders.
La question israélienne dans la vie politique US ne concerne pas simplement Israël, c’est le symbole de la suprématie juive. En caressant Israël dans le sens du poil, les politiciens américains reconnaissent cette suprématie. Et cela se traduit dans leur attitude envers les banques, qui sont aussi juives que les synagogues, ou plus encore, et envers la liberté de commerce, qui est bonne pour les juifs.
Sanders s’est rebellé contre ces attitudes juives classiques ; il a appelé à rompre avec les banques, et il a parlé contre les accords de « libre commerce » qui dévastent l’industrie américaine, appauvrissent les travailleurs américains et font éclore encore plus d’heureux milliardaires cachère. C’est pire que de ne pas être « suffisamment actif dans le soutien à Israël », c’est manifester une méfiance envers la tradition juive qui donne la priorité à la finance.
Il y avait beaucoup de jeunes juifs comme Sanders en 1968 ; mais ils ont bien souvent retourné leur veste. Est-ce que c’est à cause de la grève des écoles à New York, comme me l’a dit Chomsky, ce moment où les juifs ont découvert que l’égalité n’était pas dans leur intérêt ? Est-ce que c’est qu’ils ont été achetés et corrompus ? Ou séduits par le sionisme ? Quoi qu’il en soit, c’est merveilleux, de voir qu’un homme, Bernie Sanders, a réussi à garder la torche enflammée et l’a portée à bout de bras jusqu’à aujourd’hui, pour mettre le feu a cette nouvelle grande génération d’Américains du millénaire.
Nous ne savons pas s’il va gagner, mais il a d’ores et déjà prouvé qu’on peut défier l’establishment juif libéral, et survivre, assez longtemps pour le dire ! D’autres viendront après lui, et la suprématie juive sera défaite, parce qu’elle a amené trop de malheur aux Américains et au reste du monde. Inutile de préciser que cela libèrera d’autant les juifs, et leur permettra de retrouver l’accord avec le reste de leurs compatriotes.