La Turquie est infatigable. Le président Erdogan consolide son pouvoir, en essayant de se débarrasser des interférences irritantes du Parlement. Il tente de réformer la Turquie dans le sens d’une république présidentielle, en assumant les pouvoirs d’un président américain. Il se voit calife, plaisante le peuple à Istanbu, et on l’appelle le sultan Erdogan. Et le putsch éventé de juillet a été mis à profit comme mettre en route une grande purge dans la structure du pouvoir. Cependant, le résultat pourrait s’avérer encore plus positif que ce qu’en attendent de nombreux observateurs.
Voilà ce que j’ai appris pendant ma visite en Turquie, où j’ai eu l’occasion de rencontrer des membres turcs du Parlement, des ministres et des chefs de rédaction des plus grands médias. Je m’attendais à ce que le putsch raté appartienne déjà à l’histoire, mais je me trompais.
L’ombre du putsch pèse lourdement sur les évènements quotidiens, dans le pays. On m’en a montré des traces au siège du Parlement, où une bombe lancée par les putchistes était tombée. Il y a aussi une exposition de photos montrant d’autres coups d’Etat militaires victorieux, avec un horrible portrait président Adnan Menderes pendu en 1960. Les putschs turcs, ce n’est pas de la petite bière. L’armée voulait prendre le pouvoir et le garder, pour elle, et pour ses alliés de l’Otan.
Le putsch de juillet a causé la mort de 240 personnes, pour moitié tués sur le pont du Bosphore dans une confrontation avec l’armée. Ce n’est pas grand-chose par rapport au putsch égyptien, où les victimes se sont comptées par milliers, et où l’armée a éjecté le président Morsi, modérément islamiste, et élu en toute légitimité.
Après le putsch, Erdogan a entrepris la purge des Gulenistes ou Fethullistes comme on appelle les partisans de Fethullah Gülen, le père de l’islam politique turc modéré et le créateur d’un vaste réseau d’écoles qui s’étend sur 160 pays. Ils étaient censés être les initiateurs du coup d’Etat. Ce n’est en fait pas très clair, si Gülen et ses partisans étaient bien derrière l’opération, mais il ne fait pas de doute que ce sont des ennemis d’Erdogan.
La purge n’est pas sanglante, mais douloureuse : les proscrits ne sont pas abattus, mais perdent leur travail et atterrissent souvent en prison. Quelque soixante-dix ou quatre-vingt mille personnages sont passées à la trappe, 35 000 sont à l’ombre. Ils sont juges, officiers de l’armée, fonctionnaires, et souvent enseignants. 500 personnes ont été chassées du ministère des Affaires étrangères, certains avaient refusé de rentrer chez eux quand l’ordre de se replier avait été donné. L’état d’urgence a été déclaré juste après le putsch, et vient d’être prolongé pour trois mois de plus.
Une telle justice d’exception est notoirement aveugle : un juge est mort trois mois avant les évènements, mais était toujours sur les listes des proscrits pour sa participation au putsch. Certaines sociétés appartenant à des gülenistes ont vu leurs biens confisqués, tandis que leurs obligations et dettes restaient bien à la charge des propriétaires dépossédés. Il est difficile de se défendre contre des accusations quelque peu rhétoriques de gulenisme..
Les Turcs répondent par une saine plaisanterie, aux tâtonnements de cette “justice aveugle” : « un aveugle, ça s’agrippe à tout ce qu’il peut attraper”.
Le gouvernement argue que lesgulenistes constituaient une organisation de comploteurs, appelée FETO, et la décrivent comme « organisation terroriste ». Ils la comparent à Daesch, au Cartel de Medellín, et, plus surprenant, aux jésuites.
Mais il reste difficile de comprendre en quel sens les gulenistes étaient des terroristes. La pire chose dont ils sont accusés, c’est d’avoir fraudé pour obtenir des certificats permettant à leurs membres d’accomplir un service civil, et ce faisant, de leur avoir assuré des positions confortables. Ce n’est pas conforme aux principes des joueurs de cricket, mais peut difficilement être qualifié d’opération terroriste.
Comment fait-on pour démasquer un guleniste ? La tâche n’est pas simple, mais il y a certains marqueurs qui révèlent le crypto-guleniste.
Les gens qui utilisent la messagerie ByLock sont suspects. Cette messagerie d’amateurs avait été populaire parmi les gens de Gülen et certaines personnes impliquées dans le putsch. 150 000 utilisateurs de ByLock ont fait l’objet d’une enquête. Le système avait été piraté par les services de sécurité de l’Etat il y a quelque temps, parce que c’était très léger du point de vue sécurité. Après quoi, les conspirateurs s’étaient reportés sur le système de messagerie professionnelle WhatsApp. Il offrait une bonne sécurité, mais il suffisait de mettre la main sur le smartphone d’un seul comploteur pour avoir accès à tous les autres.
Autre moyen pour débusquer un crypto-guleniste : localiser le billet d’un dollar que les gulenistes reçoivent de leur gourou. Un membre du Parlement m’a dit qu’un vrai guleniste coud souvent ce billet sur l’envers d’un sous-vêtement, au contact de sa peau.
Cette idée avait été mise en service par le rabbin fondateur des Loubavitch : en effet, feu Menachem Mendel Schneersohn répandait aussi des billets d’un dollar et bénissait même de la vodka pour la consommation des juifs hassidiques. Il conversait avec Dieu, et Gülen de même, selon ses troupes, et selon ses adversaires également. Les juifs ultra-orthodoxes essayaient eux aussi d’accroître leur influence, avec un succès considérable.., mais ils n’avaient jamais été qualifiés de terroristes.
Gülen avait été – et il le reste – un personnage très puissant dans le monde turcophone, particulièrement en ex-URSS et en Chine, depuis le Tatarstan et la Yakoutie jusqu’au Xinjiang. Les jeunes du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan sont passés par ses écoles. Le mouvement Gülen était considéré comme la branche dominante dans l’islam politique modéré pro-occidental. Pratiquement tous les islamistes modernes de la Turquie sont passés par ses écoles. Il était l’allié le plus important d’Erdogan dans son combat ascendant contre les kémalistes violemment laïques qui gouvernaient la Turquie jusqu’en 2002.
On dit que les kémalistes étaient tout à fait pro-US, mais ils avaient refusé de privatiser les biens publics. Erdogan et Gülen étaient tout autant pro-US, et acceptaient l’idée de la privatisation massive et de la vente d’actifs à des firmes américaines ou occidentales en général. Une grande partie de la richesse turque se trouve maintenant entre les mains d’étrangers, et c’est cela qui bloque un virage plus radical d’Erdogan en direction de la Russie.
Tant qu’Erdogan et Gülen étaient amis et partenaires, Gülen avait aidé Erdogan à réduire le pouvoir des généraux laïques dans des limites raisonnables. Ses partisans, bien établis dans la branche légale du gouvernement, avaient organisé l’affaire Ergenekon. Ils avaient prétendu avoir découvert une vaste conspiration terroriste ultra-nationaliste, appelée Ergenekon, et ils avaient envoyé 43 généraux et de nombreux hommes politiques en taule. Erdogan était sidéré de cet exploit de Gülen, et quelque peu effaré, parce que ce vieux monsieur contrôlait apparemment depuis la Pennsylvanie le système judiciaire de toute la République turque, depuis la police jusqu’aux procureurs et aux palais de justice.
Et Erdogan avait de bonnes raisons d’être effrayé. En 2013, Gülen demanda à ce qu’Erdogan le laisse gérer une centaine de sièges au Parlement, et quand cela lui avait été refusé, il avait lâché toute la machinerie judiciaire contre son vieux camarade. En décembre 2013, les sympathisants de Gülen dans la police et autour du procureur général accusèrent les ministres du gouvernement Erdogan de corruption. Parmi les prévenus, il y avait Bilal, le fils d’Erdogan, ainsi que des amis personnels d’Erdogan.
Au lieu de tenter de réfuter les accusations et de se défendre devant les tribunaux, Erdogan avait décrit les accusations en termes de « tentative de coup d’Etat ». Il était allé au-devant de la population, parcourant le pays, en appelant au peuple, et les masses l’avaient soutenu. Il avait forcé la police et les tribunaux à enterrer des dossiers, et commencé à mettre en œuvre la dé-gulenisation de la Turquie.
Pour les gens qui ont été élevés dans l’idée de la suprématie de la loi, cela ressemble à un travestissement de l’ordre normal des choses. Mais le pouvoir judiciaire n’est pas meilleur que le pouvoir législatif et l’exécutif, il est moins démocratique, moins proche du citoyen ordinaire, bien plus lié au pouvoir réel de l’argent. Aux US, il n’y a ni Gülen ni confrérie Gulen, mais les juges, à commencer par la Cour suprême, peuvent passer outre la volonté du peuple comme on a pu le constater lorsqu’ils ont imposé les mariages monosexe ou le droit des firmes à acheter les candidats. L’Etat profond c’est eux, et ce n’est donc pas une mauvaise idée de les renverser.
Certes, nous voulons la justice, mais nous voulons aussi la démocratie.
Jadis, les juges US étaient tous élus, tous proches de la population, mais ce n’est plus le cas. En Turquie, Gülen avait trop bien réussi à placer ses pions au cœur du pouvoir judiciaire ; il avait perdu le soutien populaire. Et les Turcs étaient prêts à pardonner à Erdogan, y compris pour des faits avérés de corruption : ils avaient le sentiment qu’il se souciait du peuple, alors que Gülen et ses partisans n’en avaient cure. Pour le système judiciaire, la corruption est un crime, et un politicien corrompu doit aller en prison. Mais s’il n’est pas corrompu, on peutaussi le condamner pour une proposition indécente à une femme. C’est ainsi que le système judiciaire a le pouvoir de bloquer touthomme politique, de dévoyer la démarche politique démocratique. Erdogan avait réussi à passer outre le système judiciaire.
Après sa victoire de décembre 2013, Erdogan avait accusé Gülen et ses partisans d’avoir créé l’affaire Ergenekon de toutes pièces, et d’avoir fait arrêter beaucoup de gens innocents. Les généraux et les politiciens avaient retrouvé leur liberté.
A Ankara, j’ai rencontré un dirigeant du camp kémaliste républicain au Parlement, Mustapha Ali Balbaï. Ce bel homme énergique, musclé, aux traits européens (comme beaucoup de Turcs) venait de passer cinq ans derrière les barreaux pour avoir trempé dans le complot d’Ergenekon, selon l’accusation. Il avait été élu député alors qu’il était encore prisonnier, et venait d’être libéré. « Maintenant ce sont les juges qui m’avaient envoyé au trou qui se retrouvent derrière les barreaux » disait-il tout joyeux.
Y a-t-il eu un vrai complot Ergenekon? C’est la question que j’ai posée au rédacteur en chef de la CNN turque, un réseau puissant qui a joué un rôle clé dans la neutralisation du putsch de juillet. « Il y a eu un noyau, un petit noyau, et on en a fait un énorme monstre qui n’a jamais existé », m’a-t-il répondu. En d’autres termes, il y avait bien une conspiration, mais c’était une cabale de juges et de services de sécurité, le genre de complot le plus fréquent.
En ce qui concerne les purges de gulenistes supposés, il y a un chiffre qui en dit long. La police d’Ankara avait reçu quarante mille dénonciations concernant certains gulenistes, m’avait on dit à mon arrivée dans la capitale. Les épouses dénoncent des maris infidèles, des propriétaires dénoncent leurs métayers qui ont des arriérés. C’était devenu une accusation universelle ; et naturellement, la police n’arrête pas tout le monde, mais beaucoup de gens ont été convoqués pour enquête. Cette campagne me rappelle le maccarthysme aux US, ou les campagnes contre les trostkystes dans l’URSS des années 1930.
Pour certains, la purge n’est pas assez consistante. Le rédacteur en chef d’un petit journal, que nous appellerons Mehemet, m’a dit : « s’ils devaient pourchasser tous les agents de Gülen, ils n’auraient plus ni parti ni faction au Parlement. » Tous les patrons du parti et tous les ministres sont passés par les réseaux de Gülen. Mais on ne s’attaque qu’au menu fretin, les gros poissons passent à travers les mailles du filet. »
N’empêche qu’Erdogan prend ce nettoyage très au sérieux, comme il l’avait fait lors du complot Ergenekon cinq ans plus tôt. Il ne veut pas d’un Gülen prêt à le poignarder dans le dos, et il préfère se débarrasser complètement de ce réseau, aussi étendu soit-il. Erdogan dit que le putsch de juillet était le deuxième, le premier consistant en une tentative pour utiliser la police et les tribunaux en décembre 2013 contre lui et sa famille.
Les relations de la Turquie avec la Russie et avec les US sont étroitement liées à ce discours sur les deux putschs. Je me suis rendu en Turquie juste après la visite de Poutine, en octobre 2016, quand les deux dirigeants se sont mis d’accord pour le chantier du très important oléoduc, et ont mis en place la dernière inflexion, ou du moins la plus récente, dans leurs relations en zigzag.
L’amitié entre Erdogan et Poutine avait souffert d’un brutal retour en arrière en novembre 2015, lorsqu’un jet SU-24 avait été abattu par un missile air-air lâché depuis un avion turc au-dessus de la Syrie. Les relations avaient été réduites au minimum, les touristes russes ne débarquaient plus, les légumes turcs avaient perdu leur marché russe, les projets gaziers et pétroliers avaient été enterrés.
En juin 2016, nouveau zigzag. Erdogan a présenté des excuses, et les relations se sont améliorées après le putsch de juillet. Il est probable que ce pas en avant d’Erdogan a bien aidé à déjouer le putsch. Après celui-ci,ce n’était que tapis de roses. En août, Erdogan s’est rendu en Russie et a rencontré Poutine. C’était son premier voyage à l’étranger après le putsch. Et maintenant, en octobre, c’est Poutine qui est venu à Istanbul et qui a fait savoir que leurs relations étaient plus cordiales que jamais ; même le projet d’oléoduc a été signé, invalidant le seul levier dont Kiev disposait contre Moscou.
Là, les gulenistes se sont avérés tout à fait utiles: on leur a imputé l’attaque contre le SU-24, nonobstant le fait que le premier ministre Ahmet Davutoglu s’était vanté auparavant d’en avoir donné l’ordre personnellement. D’un autre côté, Davutoglu était proche de Gülen et lui avait même rendu visite en 2013, mais c’était à l’époque où Gülen était encore persona grata en Turquie. Et on a prétendu que Davutoglu avait été pressenti pour assumer le pouvoir au cas où le putsch aurait réussi.
Pourquoi, dans ce contexte, la Turquie s’est-elle tournée vers la Russie en tournant le dos aux US, le vieux partenaire d’antan? Mehemet l’éditorialiste impute ce virage à l’instinct de conservation très aiguisé d’Erdogan.
On découvre que l’administration américaine avait décidé de faire son affaire à l’indocile Erdogan, il y a déjà quelque temps, et d’installer l’homme de Gülen, Ahmet Davutoglu, à sa place. Michael Rubin, le néoconservateur très écouté et spécialiste de la Turquie, demandait la tête d’Erdogan depuis longtemps. En mars 2016, il avait lancé un appel au putsch, en août 2016 il disait qu’Erdogan ne devait s’en prendre qu’à lui-même pour la tentative dont il venait de réchapper, et maintenant en octobre, il s’est mis à prédire, ou plutôt à encourager un nouveau soulèvement.
Le nouveau putsch est attendu vers le 10 novembre, et il commencera par l’assassinat d’Erdogan, dit-on. Erdogan considère que son partenariat avec la Russie et avec Poutine constituent sa seule chance de survivre politiquement.
Les Américains sont choqués par l’attitude d’Erdogan envers les Kurdes syriens. Le président turc veut garder intacte la Turquie, l’Etat qui vertébrait le vaste empire ottoman, tandis que les Américains préfèrent démanteler la Turquie dans la foulée, et créer un grand Kurdistan à partir des zones majoritairement kurdes de Turquie, d’Irak et de Syrie.
Les Américains aimeraient que les Kurdes syriens fassent l’unité de leurs enclaves, mais Erdogan ne veut pas en entendre parler et, de fait, il a arrêté leur offensive.
Maintenant la bataille de Mossoul est devenu un nouveau point de discorde. La Turquie, dit Erdogan, a certains droits sur Mossoul. La ville et sa région avaient été illégalement confisquées par les Britanniques, disent les Turcs. Mustapha Kémal Ataturk avait envisagé d’accepter que Mossoul soit donnée à l’Irak seulement en 1926, bien après le traité de Lausanne (1923). Et maintenant Erdogan s’oppose à ce que Mossoul soit reprise à Daesch pour être transférée aux Kurdes. Les habitants de Mossoul sont loin de se réjouir à l’idée de passer sous domination kurde ou sous les ordres du gouvernement chiite de Bagdad.
Dans la bataille pour Mossoul et pour Alep, dans les batailles entre les enclaves kurdes en Syrie, Erdogan contrarie la volonté US. Le problème, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de dirigeants turcs importants qui soient à la botte de Washington.L’opposition kémaliste et les forces gulenistes préfèrent s’en tenir peu ou prou à la ligne US.
Si Erdogan perd dans une lutte pour le pouvoir, la Turquie peut s’enfoncer dans la guerre civile: entre Turcs et Kurdes, entre les divers mouvements musulmans et les kémalistes. Il était là, le projet porté par le putsch de juillet, m’a dit le député du parti républicain Ali Mustapha Balbaï.
Les temps ne sont pas faciles, c’est le moins qu’on puisse dire. Les livres turques sont parties vers le Sud. Les priorités ont changé : au départ, la place Taksim manifestait contre Erdogan, maintenant ils manifestent contre le trop-plein de réfugiés syriens et irakiens. La droite européenne n’est pas la seule, la Turquie aussi trouve qu’il y a trop de réfugiés. Ils ont peur que la bataille de Mossouldébouche sur l’entrée en force des deux millions d’habitants de Mossoul en Turquie.
Et les manifestants ne sont plus les mêmes. Ce sont les gens ordinaires qui protestent contre l’afflux de Syriens, tandis que les Turcs occidentalisés et éduqués manifestaient contre Erdogan. Ces derniers sont fort marris, et se demandent s’ils ont un avenir en Turquie. La classe politique est également chagrine. Ils n’aiment pas la férule autoritaire du sultan Erdogan. Les gulenistes sont extrêmement contrariés. Les généraux en sont encore à consolider leurs positions après la succession de purges. Et la vieille rivalité entre populations laïcistes et religieuses est plus vivace que jamais.
Alors que les US ont une idée très nette de la voie que devrait suivre la Turquie, la Russie, sa rivale, ne se mêle pas de la politique intérieure turque ; elle ne se soucie au demeurant des querelles domestiques d’aucun pays. Les Américains sous Obama et probablement encore plus sous la Clinton, sont des gens très enclins à interférer et à imposer leurs lois, qu’il s’agisse de tenues de plage ou de mariages monosexe. Ce n’est pas le cas des Russes.
C’est chez eux une tradition immémoriale. Ils ne se sont pas mêlés de la vie privée des Ouzbeks ni des Tadjiks, ni des Tchétchènes, ni des Finnois ni des Polonais. C’est la raison pour laquelle on peut trouver en Russie des zones gérées selon la loi musulmane, selon la tradition bouddhiste et même selon la plus pure coutume polythéiste.
Pour les Russes, Erdogan est un partenaire important, et ils le laissent, lui et les autres Turcs, décider s’ils devraient avoir un système parlementaire ou une république présidentielle, si les filles doivent porter le voile ou pas. On peut être sûrs que les Russes ne viendront pas leur donner de leçon dans leur vie privée. C’est un grand avantage quand on est allié des Russes.
Nous allons bien voir s’il suffit d’avoir d’aussi bons alliés pour s’en sortir. L’enjeu des élections US est considérable : Erdogan était furieux quand Mrs Clinton a fait référence aux ambitions kurdes. Mais pour l’instant le monde entier attend de connaître la décision du peuple américain.
Traduction : Maria Poumier
Pour joindre l’auteur: adam@israelshamir.net
Original publié sur The Unz Review.