“Les blancs ont un QI qui frise le firmament, comparé aux noirs”, voilà une idée qu’on rencontre souvent dans les écrits de mes chers confrères qui publient sur unz.com. Mais quand leur pays, les USA, se sont vus fort en peine, la seule personne qui a osé franchir le pas et monter au feu n’était pas un gentil blanc distingué, mais une petite femme noire intrépide, Ilhan Omar.
Et elle ne l’a pas fait une fois, par mégarde, ni deux, par hasard, mais trois fois, et ce qu’on vous dit trois fois de suite, c’est vrai, comme l’a établi Lewis Carroll dans La Chasse au Skrapkin. D’abord, elle a dit qu’Israël “avait hypnotisé le monde”. La deuxième fois, elle a dit que les membres du Congrès étaient pro israéliens parce que les juifs les achètent. Et troisièmement, elle a fait remarquer “le groupe politique dans ce pays qui prétend que c’est normal de faire allégeance à un pays étranger (comprenez Israël)”.
C’est une Somalienne, de l’Afrique de l’Est. Et quelle a été la réponse des blancs de la maison de la même couleur? Ils ont fait la queue pour la vilipender. Les républicains l’ont fait, tandis que les démocrates les dépassaient et se sont empressés de préparer une nouvelle résolution contre l’antisémitisme en général, et contre Ilhan, membre de leur propre groupe.
Plus grave, la voix la plus puissante au Congrès US pour s’opposer à Israël avant Ilhan avait aussi été celle d’une courageuse femme noire, l’admirable Cynthia McKinney. Je lui ai composé des odes, quand elle avait refusé de signer l’acte de soumission à Israël, comme ceci, pour commencer:
“Une femme a refusé de signer l’engagement “obligatoire”. Une seule femme. Cette femme, c’est Cynthia McKinney, sénatrice de Géorgie. Elle a osé dire non. Quatre cent membres du Congrès, préférant l’avancement de leur propre carrière à l’intérêt de leur pays, ont signé l’engagement américain vis-à-vis d’Israël.
Les ancêtres de Cynthia étaient des esclaves, dans sa Géorgie natale. Mais elle n’en est pas moins l’une des rares personnes libres – on les compte sur les doigts de la main – au Congrès américain. Comme nous, Israéliens, aimions à le répéter au sujet de notre Golda Meir, dans cette assemblée, “elle est le seul homme véritable”. Elle est une femme noire, mais elle est l’homme le plus impeccablement blanc de tous ces gens-là, auraient dit les Américains avant l’avènement de l’Ere du Politiquement Correct”[1].
Est-ce que les membres blancs de la blanche Maison savent que cette allégeance à un pays étranger est une erreur, et que c’est à la limite de la haute trahison? S’ils ne le savent pas, il est où, leur fabuleux QI? Et s’ils sont au courant, où est passé leur courage?
Oui, chers collègues, un gros QI c’est bien joli, mais sans rien dans la culotte, ça ne fera jamais que des sémillants larbins. Car un homme, c’est autre chose, c’est quelqu’un de brave et de décidé, qui ose et qui protège. Les hommes blancs rentrent-ils dans cette case? Apparemment, pas ceux qui sont au pouvoir, en tout cas.
Ce problème n’est pas propre aux US. En France, le président Macron a qualifié ses compatriotes de «gens qui ne sont rien». Et quelle a été la réaction des Français? Ils sont sortis en masse manifester pour un juif polonais [un certain F-kraut] qui avait été bousculé dans la rue. Est-ce là le signe d’un gros QI?
Au Royaume uni, le parti travailliste mobilise tous ses gros QI pour se prosterner devant ses maîtres. Le plus courageux membre du parti, Chris Williamson, député, et allié très proche de Jeremy Corbyn, s’est retrouvé suspendu pour avoir dit aux militants que le parti travailliste “s’excusait trop” en matière d’antisémitisme, après quoi il a immédiatement exprimé ses “profondes et sincères excuses”. Les hommes debout, eux, avaient déjà été défénestrés de la politique britannique.
La Maison royale britannique, ce symbole du gouvernement par l’homme blanc, a maintenant un rejeton marié à une Américaine colorée, dont l’enfant “va être élevé dans la fluidité de genre”. Meghan Markle est également célèbre pour avoir regretté qu’il y ait trop de professeurs blancs à Oxford. Les altesses ne se soucient pas des gens du commun, moins que jamais.
L’Irlande s’était battue pour se libérer du joug anglais pendant des siècles, et quand les Irlandais se sont retrouvés libres, ils ont accepté un homosexuel indien pour les gouverner. Qu’est-ce qui n’allait pas, dans les produits des écoles anglaises sélectives? C’était la faute au Sinn Fein?
Les hommes de la classe ouvrière, aux US comme en France et en Grande Bretagne, savent qu’ils ont été trahis par leurs élites; ils marmonnent des gros mots sur leurs maîtres esclavagistes; cela va de mal en pire, pour eux, mais ils n’y peuvent rien. Serait-ce à cause de leur QI?
Et maintenant voilà que certains de mes estimés collègues ont le culot d’affirmer que la Russie est sortie du “judéo-bolchevisme”. S’il y a bien un système économique qui se marie avec le préfixe “judéo”, c’est le capitalisme moderne.
Il y a eu un capitalisme pré-judaïque; un capitalisme sans publicité, sans journaux, sans concurrence sur les prix, avec des prix réglementés et en complet accord avec les syndicats. Du temps du capitalisme pré-judaïque, un homme se faisait rouler dans le goudron et les plumes pour avoir faussé le marché avec de articles importés à Boston; de nos jours, le Washington Post l’encenserait. Le concept de capitalisme pré-judaïque a été mis au point par Werner Sombart, et j’ai écrit en long et en large à ce propos plusieurs fois. Et ce que nous avons en Occident, maintenant, c’est du judéo-capitalisme.
Les juifs ne dominaient pas le communisme, même s’il a pu exister quelques juifs qui se faisaient des illusions en ce sens. La comparaison avec le christianisme est très éclairante. Les premiers disciples du Christ étaient des juifs. Le meilleur d’entre eux, saint Paul, était un juif cultivé, mais saint Paul écrasa une tentative pour soumettre la chrétienté aux juifs. Etablie par des juifs, l’Eglise est devenue l’obstacle le plus solide contre la mainmise juive, et a su attirer à elle les meilleurs parmi les juifs. Le communisme (ou le bolchévisme) ne pourchassait pas les juifs; comme une nouvelle Eglise, comme la chrétienté et l’islam au départ, le communisme ouvrait la porte aux juifs. Mais pas en tant qu’unité séparée: or c’était ce que demandait le Bund, l’organe des juifs socialistes qui réclamaient le droit à l’adhésion collective pour leur organisation. Lénine le refusa: un juif pouvait entrer dans la fraternité communiste d’égal à égal avec les autres, et sans intermédiaires, non pas à titre de juif ni de membre du Bund. Bien des gens d’origine juive acceptèrent cette condition, et ils aidèrent le communisme à triompher, en Russie.
Vladimir Ilich Lénine et son successeur Joseph Staline étaient conscients de certaines qualités problématiques chez les juifs autant que de leur excellence dans d’autres domaines. Les juifs russes furent intégrés avec succès et assimilés; ils s’étaient débarrassés de leur confession et de leur langue, leurs organisations avaient été éliminées en pratique. Une tentative des organisations juives US pour ranimer la juiverie russe eut lieu en 1944, véhiculée par le comité antifasciste juif, mais ce fut un échec. Tout à fait à la fin de l’ère communiste en Russie, les juifs avaient des positions minimes dans le parti, au sommet de l’Etat ou dans les médias.
C’est seulement à l’avènement du capitalisme que les juifs russes connurent une ascension rapide, et pendant un temps, six ou sept banquiers juifs (les Sept oligarques honnis) sont censés avoir dirigé le pays. Il n’y a donc pas eu de judéo-communisme, mais il y a bel et bien un judéo-capitalisme. Aucun Etat communiste n’a jamais été dominé par les juifs dans une mesure comparable à celle de la domination juive aux US, au Royaume uni et en France.
Les gens qui parlent de judéo-communisme sont comme les maris cocus qui disent pis que pendre du seul mari qui a une épouse vertueuse.
Comme exemple du cruel judéo-communisme, ces écrivains en appellent souvent au souvenir de la famine en Ukraine dans les années 1930, ce qu’on appelle l’Holodomor (voir ici un long article qui explique les facteurs de cette famine). Il y a bien eu disette. mais peut-être pas aussi horrible que celle qui sévissait au Bengale sous le gouvernement britannique. Shashi Tharor, député indien, a récemment écrit sur Bloomberg.com:
Grâce aux décisions personnelles de Churchill, plus de trois millions de Bengalis sont morts de faim en 1943. Churchill avait délibérément ordonné de détourner les vivres hors de portée des civils indiens affamés, en faveur des soldats britanniques, et même pour grossir encore les stocks européens, prévus pour les Grecs et Yougoslaves qui étaient sur le point d’être libérés. “Crever de faim, pour des Bengalis qui de toutes façons sont sous-alimentés, c’est moins grave que pour les Grecs musculeux”, se justifiait-il. Quand on lui rappelait la souffrance des Bengalis, sa réponse était typiquement churchillienne: s’ils ont faim, c’est exclusivement la faute des Indiens, parce qu’ils “se reproduisent comme des lapins”. Si leur souffrance était si terrible, ajouta-t-il pour clore le dossier “pourquoi est-ce que Gandhi n’est pas encore mort?”
Et en ce qui concerne la famine en Ukraine, voici un extrait d’un journal américano-ukrainien, qui nous explique la terrible situation en Ukraine, et la quantité de gens mourant de faim, et les innombrables Ukrainiens vraiment morts. Et là on saisit d’un coup le fond de l’affaire: le rapport journalistique était paru en Ukraine occidentale, la région qui dans les années 1930 appartenait à la Pologne. Il n’y avait pas un juif bolchévik qui aurait pu peser dans le contexte, encore moins déclencher cette famine. La Pologne entre les deux guerres mondiales était antijuive et anticommuniste au possible. Et pourtant, sous ce gouvernement ni juif ni communiste, les Ukrainiens connurent une disette largement aussi horrible que leurs frères en Union soviétique de l’autre côté de la frontière, à l’est. Ca ne suffit pas encore à prouver que la famine ukrainienne n’était pas provoquée par les méchants judéo-commissaires?
Les gens qui parlent de judéo-communisme sont généralement des gens d’extrême-droite qui détestent le socialisme comme un chien enragé déteste l’eau. Ils détestent le Venezuela aussi, même si la tendance socialiste du Venezuela est exagérément modérée. Malgré bien des fautes et les sanctions US, le Venezuela tièdement socialiste vaut infiniment mieux que la Colombie sauvagement capitaliste et libérale, ou le Honduras. Nous avons tous entendu dire que trois millions de Vénézuéliens ont fui leur pays. Mais avez-vous jamais entendu dire que six millions de Colombiens se sont installés au Venezuela, attirés par les mesures de protection sociale?
La différence entre le socialisme et le capitalisme c’est que le capitalisme poursuit le profit, tandis que le socialisme s’intéresse au peuple.
Mais trêve de digression, pour en revenir à nos histoires de QI, c’est sûrement très agréable de se prendre pour le dessus du panier. mais on a grandement besoin aussi de volonté de puissance, de capacité de décision, d’endurance face aux pressions. Il est là, le plus grand problème de l’Europe occidentale et de l’Amérique du nord.
Peut-être que l’immigration va les soulager, de ce côté-là, parce que les gens qui émigrent sont généralement dynamiques et résolus. Ilhan Omar est un parangon de ces qualités. Peut-être qu’en se tournant vers elle, certains des blancs membres du Congrès vont apprendre à rougir et vont commencer à faire quelque chose pour libérer les Américains.
En Angleterre, les immigrés musulmans ont réussi à bloquer le programme révoltant consistant à forcer les enfants à rentrer dans le moule homo et trans. Il y avait des rassemblements toutes les semaines à propos de ces cours, car les parents s’écrient qu’ils font la promotion des styles de vie gay et transgenre, mais l’école refusait de les entendre, jusqu’au jour où 600 parents musulmans ont retiré leurs enfants, âgés de 4 à 11 ans, de l’école pour une journée. Alors seulement, l’école à mis la pédale douce et renoncé à l’endoctrinement.[2]Pourquoi est-ce que les Anglais de souche n’en ont pas fait autant? Ils étaient trop mous et trop obéissants face aux autorités. Ils étaient trop refroidis pour agir. Les lois de la thermodynamique s’appliquent aux nations. Quand les nations n’ont plus le sang chaud, elles ont besoin qu’on leur injecte une source extérieure de chaleur. Dans des conditions dures, ce sont les gens passionnés et bouillants qui sauront conquérir une nation qui tremble au moindre souffle; la migration de masse est un processus de transfert de chaleur de ce type, mais contrôlé.
Dans le rituel chrétien orthodoxe, on réchauffe le vin de la communion avec une dose d’eau chaude. Les immigrants, ce sont une eau bouillante que l’on ajoute au vin autochtone de la communion. Trop d’eau chaude rendrait le vin impropre à la communion, et trop de migrants peuvent détruire une nation. Mais à petites doses, ils peuvent lui redonner la bonne température.
Leur QI, donc, grand bien leur fasse; mais ce n’est pas un substitut de l’ardeur et de l’énergie. Les Européens ont dépensé trop d’énergie à s’efforcer de conquérir le monde entier; aujourd’hui il en paient le prix. Et que ce soit la petite Ilhan Omar qui leur donne une leçon, c’est une bonne chose.
Pour joindre Israëel Shamir: adam@israelshamir.net
Source: The Unz Review.
Traduction et notes: Maria Poumier
[1] http://www.israelshamir.net/French/Fr3.htm , traduction par Marcel Charbonnier. Texte repris dans L’Autre Visage d’Israël, éd. Alqalam, Paris, 2003.
[2] C’est exactement ce qui s’est passé en France, lorsque Farida Belghoul a organisé les JRE “Journées de retrait de l’école”, cinq mois de suite, en 2014; ce mot d’ordre a été particulièrement suivi par les familles musulmanes, et Farida Belghoul a obtenu que la ministre Belkacem batte en retraite sur son programme “d’éducation” par les LGBT. Voir les suites de cette initiative sur https://mouvement-jre.com/