Ayant tourné le dernier épisode de la série ” Élections fatales “, les acteurs se sont retrouvés en coulisses pour se partager les trophées à l’amiable. La muse de la politique israélienne est comme Coca-Cola : elle voudrait plaire à tout le monde. Quiconque pensait que Barak était le meilleur candidat sera heureux de le retrouver au gouvernement en qualité de ministre de la Défense. Ceux qui avaient la nostalgie de l’époque de Shimon Peres et étaient mécontents de savoir qu’il n’avait pas été autorisé à se porter candidat, le retrouveront dans le lit légué faute de mieux, comme la veuve de Shakespeare . Et Sharon dont on nous disait encore hier que c’était un monstre s’est miraculeusement mué en sage homme d’État. Ma foi, ça ne valait vraiment pas le coup d’aller voter.
Ces élections étaient une mascarade mais le siège des villages palestiniens, lui, est tout ce qu’il y a de plus réel. Les soldats, qui n’arrivent pas à trouver suffisamment de manifestants pour s’entraîner au tir sur cible, canardent les voitures particulières. Gaza est arrosé par un gaz d’un type nouveau. Les chars israéliens forment barrage autour des faubourgs de Bethléem. Une commission de l’ONU dépêchée pour enquêter sur les crimes de guerre s’est fait envoyer promener : comment ose-t-elle parler de crimes de guerre ? La semaine dernière, la Commission Mitchell s’est aussi fait envoyer sur les roses. En réaction, les bombardiers américains ont bombardé…l’Irak (une erreur dans le scénario, peut-être?)
Les gens qui voient tout cela de l’extérieur doivent se demander, en toute innocence, comment il se fait que les crimes de guerre d’Israël demeurent impunis et qu’en prime, ils ont la bénédiction du Congrès américain. Serait-ce une intervention divine ? Que nenni ! C’est un autre intermédiaire qu’il faut remercier pour cet état de chose. Nous autres, Israéliens, bénéficions d’une totale immunité. Et nous ne doutons pas que si, à n’importe quel moment, notre gouvernement décide de réduire les Palestiniens en chair à pâté, le New York Times en vantera la valeur nutritive. Mais si telle est son intention, il faudrait qu’il se dépêche car, avec le blocus actuel, les Palestiniens dépérissent à vue d’œil.
Tout va bien du côté israélien des barricades. Le shekel reste fort. George Soros lui-même sait qu’il serait malsain de prendre position contre notre monnaie. La Bourse de Tel-Aviv se félicite en apprenant que Intel a décidé d’investir la coquette somme de cinq milliards de dollars en Israël. Le plus beau, c’est que ce sont le contribuable et l’investisseur américains qui payent pour le siège des localités palestiniennes et la prospérité de Tel-Aviv. Depuis 1967, nous avons reçu quelque 170 milliards de dollars du peuple américain. Cet argent aurait pu servir à nourrir et scolariser les gosses des classes défavorisées des États-Unis, ou encore à indemniser les descendants des esclaves africains et à les aider à sortir de la misère. Il aurait pu être utilisé pour sauver des malades et réconforter des miséreux, voire transformer l’Afrique en paradis. Mais il a été détourné pour aboutir sur nos rivages. Chaque dollar investi par le lobby pro-israélien pour financer la campagne des sénateurs et des membres du Congrès a été rendu au centuple, comme le promettait la Bible.
Outre l’argent du contribuable, les supporters d’Israël – les grands chefs d’entreprise – ont investi les milliards que leurs actionnaires leur ont confiés. Il n’y a pas de raison commerciale valable pour expliquer l’investissement d’Intel ni, d’ailleurs, tout autre investissement du même genre. Israël n’est pas un vivier de travailleurs qualifiés. Il les importe comme le reste. Les investissements dans notre pays sont à haut risque et les bénéfices sont maigres. Mais, là encore, ces gens jouent avec de l’argent qui ne leur appartient pas.
Les partisans d’Israël ” bouffent la laine sur le dos ” de l’Amérique dans les grandes largeurs, mais ils sont aussi à l’affût d’autres proies. En Angleterre, l’émigré juif de Tchécoslovaquie qui se faisait appeler Robert Maxwell a soustrait des millions de dollars au fonds de pension auquel cotisaient ses employés et a envoyé l’argent en Israël. Certes, il a été retrouvé mort dans des circonstances mal élucidées mais l’État d’Israël, lui, n’a jamais remboursé l’argent détourné. Dans un autre scandale au Royaume-Uni, Dame Shirley Porter, fille de l’homme d’affaires Jack Cohen, propriétaire d’une chaîne de supermarchés qui fut un temps maire de sa localité, a détourné 50 millions de dollars et inondé l’université de Tel-Aviv (université bâtie sur les ruines du village palestinien de Cheikh Munis) de ses dons généreux. En Angleterre, la Haute Cour l’a jugée coupable et l’a condamnée à verser une amende de 27 millions de livres. Mais comme elle avait déjà transféré tout son patrimoine en Israël, l’amende n’a jamais été payée. Là encore, Israël n’a pas restitué les biens volés.
Passons en France, maintenant : un groupe de financiers israéliens et de juifs du pays ont viré en Israël quelque 40 millions de fonds publics et l’on a perdu leur trace à Tel-Aviv. Lev Cherny, Russe juif de nationalité israélienne, grand défenseur de la démocratie à la Eltsine, a ” privatisé ” l’industrie de l’aluminium en Russie, pays qui possède les plus grands gisements de minerai du monde. Actuellement, le revenu de cette industrie file directement vers la jolie Savion, le ” Beverly Hills ” d’Israël. Pendant ce temps, dans l’immensité désertique et glacée de Sibérie, la population est réduite à la misère. Suisses et Allemands continuent de verser je ne sais combien de milliards de dollars à Israël à titre de dédommagement pour les biens confisqués aux juifs, mais Israël n’a jamais payé un centime pour ce qu’il a confisqué aux goys. Les Européens élèvent la voix, mais pas trop fort, face à la menace proférée par le plus dur des frères Cray, le plus puissant des agents de recouvrement des emprunts juifs, les États-Unis.
Les supporters d’Israël à l’étranger sont comme un gigantesque aspirateur qui avale l’argent et la sueur de tous les travailleurs du monde. En voulons-nous pour témoin Mark Rich, le milliardaire indélicat, pardonné par le meilleur avocat d’Israël, Bill Clinton ? Rich était un agent du Mossad. Et puis, rappelez-vous Fujimori, ce voleur, ex-président du Pérou. Les banques israéliennes l’ont aidé à blanchir l’argent sale. Parfois, les Palestiniens et leurs amis déplorent leur incapacité à constituer leur propre lobby arabe pour contrer le lobby pro-israélien. Mais un point important leur échappe : il n’y a pas que les Palestiniens qui devraient se faire du souci à propos de ce lobby pro-israélien, tous les Américains devraient s’en préoccuper également. Quand le pétrole s’échappe des réservoirs d’un pétrolier, il ne devrait pas y avoir que les poissons pour se faire du mouron, mais aussi l’équipage et les armateurs. Les supporters d’Israël escroquent tous les Américains et éveillent l’hostilité de tous les amis potentiels de l’Amérique à l’étranger. Nombre d’hommes politiques américains font semblant d’ignorer la duperie pour rester au pouvoir. Au nom d’ambitions politiques personnelles, ils trahissent la confiance de leurs électeurs.
John F. Kennedy a raconté à Gore Vidal qu’en 1948, Harry Truman avait failli perdre les élections présidentielles mais qu’un sioniste de ses partisans lui avait apporté deux millions de dollars en liquide et lui avait sauvé la mise. C’est ainsi que l’Amérique a voté en faveur de la création de l’État juif. Or, ce schéma se perpétue. Les hommes politiques acceptent les pots-de-vin, monnayent les pardons, acceptent les ” donations ” et aident le lobby pro-israélien à dépouiller le peuple américain.
A vrai dire, les juifs américains ne contribuent que très modestement au bien-être d’Israël (mais cela leur permet quand même de bénéficier d’un abattement fiscal). Leur contribution suffirait à peine à couvrir le coût des missiles et des gaz neurotoxiques destinés à neutraliser les Palestiniens, encore moins à perpétuer le mode de vie israélien auquel nous nous sommes habitués. Mais ce que les supporters d’Israël récoltent en contributions aux campagnes suffit à acheter des hommes politiques et à détourner une bonne partie des fonds américains du Trésor. Si c’était, disons, le lobby libyen qui avait manigancé cette escroquerie, les médias exigeraient – à juste titre – que ces gens-là fussent fichés en tant qu’agents étrangers coupables de trafic d’influence. C’est en ce sens que le lobby pro-israélien tire profit de la solidarité de nombreux juifs américains et des chrétiens pro-sionistes de droite qui s’expriment dans les médias nationaux.
Ahmed Amr, journaliste indépendant de Seattle, dans l’État de Washington, déplore l’absence totale des Arabes américains dans les médias des Etats-Unis et se demande si ” de même que les Blancs sont incapables de remporter les championnats de saut en longueur, les Arabes américains sont incapables d’écrire ? Est-il possible que ce soient principalement les juifs de bonne famille qui sachent écrire ? Voyons, est-il dupe à ce point ? Il devrait savoir que même les juifs lettrés qui ne soutiennent pas Israël sont également privés d’accès aux grands médias nationaux. Les partisans d’Israël ont fait taire les Américains qui seraient prêts à s’exprimer en faveur des Palestiniens, dont de célèbres intellectuels juifs tels Chomsky. Ils ont aussi réduit au silence la voix de l’Amérique ” profonde “. La Bourse connaît des hauts et des bas mais on n’a pas vu surgir de nouveau Faulkner du Sud, de nouveau Cheever de Nouvelle-Angleterre ni de nouveau John Barth du Maryland. La production cinématographique hollywoodienne s’est dégradée au point de faire carrément l’impasse sur la réalité et de ne produire que des films merdiques, suant la haine des Arabes.
Contrairement à ce que certains voudraient croire, l’ennemi des Palestiniens et des simples citoyens américains, britanniques ou français, ce n’est pas “le juif “. Il existe bel et bien des milliers et des milliers de gens charmants d’ascendance juive, médecins, artistes, rabbins ou simples chômeurs. Ils sont nombreux à s’élever contre les crimes d’Israël et les politiques de l’AIPAC. Certains montent au créneau pour défendre les droits humains. Allons, le moment est venu de se manifester et de se compter.
Les juifs américains indécis se retrouvent dans la même situation que la sœur aînée dans le roman de Raymond Chandler, ” Le Grand Sommeil “, qui couvre les crimes de sa terrible cadette. Vous vous souvenez probablement de l’un des meilleurs films américains de tous les temps, qui avait William Faulkner pour scénariste, Howard Hawks pour metteur en scène et Humphrey Bogart et Lauren Bacall, pour interprètes. Comme la grande sœur s’efforce d’étouffer ses crimes, la petite commence à croire qu’elle peut agir en toute impunité et continue d’assassiner. Elle finit par compromettre la situation de son aînée qui paraissait n’avoir rien à craindre. Malavisée, Lauren n’a plus un jour à perdre et doit appeler Bogart en renfort pour maîtriser la petite qui a perdu la raison. Sinon, le ciel finira par tomber sur la tête de tous ceux qui soutiennent aveuglément ses exactions.
Si l’on s’en réfère aux textes sacrés, c’est le soutien aveugle d’Israël qui a divisé les juifs en moutons et en chèvres (Matthieu 25:32), en fils de saints et en fils d’adorateurs de Mammon, en descendants et en assassins des prophètes, qui a séparé ceux qui professaient l’unité de l’Humanité des tenants de l’exclusivité nationale, ceux qui attendaient le Sauveur des hommes et ceux qui espéraient l’avènement de qui réduirait les Gentils à l’esclavage. Les premiers contribueront à la sanctification du nom des juifs tandis que ceux qui continueront d’affamer les pauvres agriculteurs assiégés par Israël et les laisseront pourrir en prison, nous couvrirons de honte, tous autant que nous sommes. Aucun doute là-dessus.
L’Alliance formée par les partisans d’Israël n’est pas une entité ethnique, une et indivisible. Elle admet aussi les goys. Pour en faire partie, il vous suffit de mépriser les pauvres, les faibles et les opprimés. En revanche, n’importe quel juif peut choisir de ne pas s’y rallier en dénonçant les crimes israéliens. On ne naît pas coupable ou vertueux. Les juifs adeptes de Naturei Karta ont choisi de rester en retrait et de défendre le droit des Palestiniens à la vie. Il en va de même du mouvement des ” Juifs pour la justice ” et de beaucoup d’autres qui n’ont pas souhaité se rallier à un groupement politique mais se garder du mal. En France, les nobles les plus sages ont choisi de voir disparaître ” l’ancien Régime ” en 1789 . Ils n’ont pas attendu la dictature de la guillotine de 1793.
Il est dans l’intérêt des Américains, juifs et goys confondus, d’imposer un blocus total contre Israël. La notion d’État exclusivement juif est aussi fausse que celle d’un État purement aryen ou réservé aux seuls Blancs. La Palestine / Israël doit devenir une démocratie fondée sur le principe ” D’UN HOMME, UNE VOIX “. Ne vous en faites pas pour nous, Israéliens et Palestiniens, nous tous, descendants d’Abraham, saurons vivre côte à côte. Contentez-vous d’arrêter d’approvisionner la junte des généraux, et nous verrons le bout du tunnel.
Une fois la démocratie retrouvée, Israël / la Palestine débrancheront l’aspirateur sioniste. Don Quichotte aura fini de délirer et redeviendra Don Quijano le Bon . Le fruit de nos efforts ira à ceux qui en ont besoin, et non aux généraux israéliens et, désormais, les Américains seront les bienvenus au Proche-Orient. Et… qui sait, le grand cinéma américain renaîtra-t-il de ses cendres pailletées d’or ….
Jaffa, 17 févier 2001