Si les trois candidats des principaux partis à la Présidence américaine sapprêtent à aller, le chapeau à la main, proclamer leur fidélité à lAIPAC, si un ancien Président ne peut pas exprimer ses opinions sans être brutalement agressé par lADL, lAmérique a peut-être besoin dune révolution afin de reconquérir sa liberté dexprimer ses sentiments, à moins que les activistes gémissants de lADL naient été peu ou prou domptés, pour commencer.
Israel Shamir répond à la complainte de lADL
Au-delà du Golden Gate, sur une plage sablonneuse du glacial Nord-Pacifique, parsemée de rochers noirs et fréquentée par les sirènes, sétend le Marin County. Dans cette région sans doute la plus belle de toute la Californie, les sirènes ne charment pas les marins ; ces mammifères bien nourris (appelés aussi lamantins ou vaches-de-mer) se rassemblent en troupeaux sur la plage, non loin dêtres humains presque aussi pacifiques et paisibles. Ce sont des êtres (les humains, pas les vaches-de-mer) agréables, blonds et hâlés, sous leffet du yachting, du vin blanc et de la poésie soufie, cest du moins ce quil ma semblé, après une rapide visite, entre deux vols. La vie confortable ne fait pas des habitants des êtres mous et placides, sans doute grâce au climat, relativement stimulant : le Marin County est le gîte de cette espèce rare, le radical américain. Il y a là-bas plus de nos lecteurs et de nos amis que dans toute la ville de New York
Plus dune fois, je me suis moi-même surpris à marmonner : « La Californie du Nord et ses habitants sont trop bien, pour les Etats-Unis ! ». La frontière devrait être ramenée à Monterrey. Que les Yanks prennent tout Los Angeles, avec ses avocats aux dents longues, les épouses au gros cul, les profs de gym gonflés aux stéroïdes et les stars siliconées qui se chargent de les détendre. La Californie du Nord devrait être attachée à quelques grosses baleines et déménagée vers la rive atlantique de lEurope, quelque part, près de la Normandie. Ce nest pas un hasard si cette bande de territoire a appartenu pour un temps à la Russie ; elle en a conservé quelque chose de lesprit russe, bien quelle longe lOcéan Pacifique, et non la Mer Baltique.
Leur quotidien local, le Coastal Post, est dune indépendance stupéfiante vis-à-vis du Lobby. Il est tellement libre quil a publié mon article « Carter et lEssaim » [ Carter and the Swarm ], en défense du Président Jimmy Carter, après quil eut franchi la ligne jaune et que le Lobby lait marqué au fer rouge, le menaçant de poursuites en vertu dune obscure loi remontant à 1799. La féroce police politique juive, lADL, a attaqué larticle, et moi, « dénonçant la perpétuation sans aucune justification des stéréotypes dune cabale malveillante de juifs « poussant à la guerre », ainsi que le stéréotype caractéristique de Shamir de « magnats juifs des médias » qui « définissent la ligne du parti ».
Voici ma réponse à cette attaque de lAnti-Defamation League :
En défense du préjugé
Les stéréotypes et les préjugés sont une partie légitime de notre existence. Ils nous facilitent la vie. Si, alors que vous marchez dans les rues sombres dun ghetto urbain, vous remarquez un gang dadolescents sans une seule femme parmi eux, votre préjugé vous dit de faire prudemment demi-tour. Si un clochard en haillons propose de vous vendre une montre en or, votre préjugé vous avise déviter de conclure ce marché. Si une charmante étrangère insiste pour que vous couchiez avec elle, votre préjugé vous dit dutiliser un condom ou de prendre vos jambes à votre cou. LADL, à raison, affirme quil existe un stéréotype visant une « cabale malveillante de juifs » qui sont en train de « pousser à la guerre », ainsi quune autre cabale de « magnats juifs des médias », qui « définissent la ligne du parti. »
Quand un stéréotype, ou un préjugé, est utilisé, cest généralement à la suite de nombreuses expériences déplaisantes vécues par des personnes qui au départ nen souffraient pas. Les jeunes du ghetto urbain peuvent effectivement vous casser la figure, le clochard va vraisemblablement vous fourguer de la pacotille, la délurée peut vous refiler la chaude-pisse. Et la Juiverie organisée a bel et bien poussé à la Seconde guerre mondiale et à la guerre en Irak, et aujourdhui, elle pousse à la guerre contre lIran et la Syrie, tout en soutenant lapartheid en Israël. Les médias américains consensuels, du New York Times et du Washington Post jusquau Chicago Tribune et au Los Angeles Times ont des juifs pour propriétaires, et sen tiennent strictement à la ligne du parti.
Le préjugé rend difficile lexistence des personnes que lon stéréotype, et cest parfois injuste : le clochard peut être un héritier légitime, et posséder effectivement la montre en or quil veut vous vendre, une charmante étrangère peut être une chaste créature subjuguée par votre esprit et votre sex-appeal, les jeunes peuvent être en train de débattre de la Caverne de Platon, tandis quun Israel Taub, fuyant la publicité, un scion octogénaire de la grande dynastie hassidique, une sorte de prince israélien, consacre sa fortune personnelle à reconstruire des maisons palestiniennes détruites par la soldatesque israélienne. Avec un certain Nashashibi, un prince palestinien, et le professeur WASP McGowan, il a érigé un mémorial aux victimes du massacre de Deir Yassine perpétré par les sionistes. A ses yeux, Jimmy Carter a raison, et lAIPAC est encore pire que les destructeurs israéliens. Reste que de telles individualités sont plutôt les exceptions confirmant la règle, et dans des rencontres de hasard, un homme prudent espérera le meilleur, tout en se préparant au pire.
Quelquun qui nest pas daccord avec un stéréotype ou un préjugé peut le combattre. Voici une bonne façon, énergique, de détruire un stéréotype qui vous déplaît : agissez contrairement à ce que laisserait attendre le stéréotype. A la fin du dix-neuvième siècle, les Asiatiques étaient présentés comme des êtres chétifs et des types faciles à battre, condamnés à se soumettre au Destin imposé par lHomme Blanc. Les Japonais naimaient pas ça du tout, ils ont retroussé leurs manches, et ils ont envoyé la marine russe par le fond. Puis ils ont rejoué le même tour aux Américains. Dans les années 1950, les produits japonais étaient mis dans la catégorie « camelote ». Ils ne sen plaignaient pas, mais ils nen travaillèrent que plus dur et, avec les années 1980, les voitures fabriquées au Japon devinrent un parangon de qualité.
De fait, un préjugé peut être dominé. Si vous vivez dans un ghetto, soyez accueillant à létranger, et faites de votre ghetto un endroit plaisant à visiter, afin de démontrer que le préjugé est sans fondement. Cest ce quont fait les Chinois, qui souffraient dun terrible préjugé, au début du vingtième siècle. Ils sy sont mis tous ensemble, ils ont éliminé le crime organisé, et aujourdhui, leur ghetto, Chinatown, est un endroit délicieux à visiter, où flâner, sortir et dîner. Le préjugé antichinois a quasi-totalement disparu ; il sest limité à Mia Farrow.
Les juifs se sont battus contre le préjugé, quelquefois, et ils ont gagné, à chaque fois. Au dix-huitième siècle, on considérait quils étaient des illettrés, vivant au Moyen Age. Au dix-neuvième siècle, ils furent considérés de manière humaine. A chaque fois, ils tenaient compte de la conviction véhiculée par le stéréotype, et ils agissaient en sorte de corriger leur comportement. Ils peuvent recommencer aujourdhui. Ils peuvent sengager dans une action en vue du bénéfice de tous, sécarter de la bourse et des banques, offrir des cadeaux à Noël, exiger « les troupes hors dIrak, pas daide à lIsraël de lapartheid ! », être amicaux avec leurs voisins non-juifs. Ne diabolisez pas, ne menacez pas non plus de procès quiconque nest pas daccord avec vous. Ne faites pas des médias votre réserve privée. Essayez : et le vieux stéréotype se fanera et disparaîtra. En fait, le sionisme a dabord vu le jour en tant quidée pour combattre le juif stéréotypé, en transformant les financiers et les éditorialistes juifs en paysans et en soldats. Ce qui a dailleurs en partie réussi, mais les vieilles habitudes ne disparaissent pas, comme ça, sur un claquement de doigts
LADL et ses riches sympathisants juifs ont choisi une méthode bien plus facile : rester fidèles aux stéréotypes et intimider ceux qui en relèvent la pertinence. Ensemble, ils correspondent au stéréotype point pour point : ce sont des fomentateurs de guerres (contre lIrak hier, aujourdhui contre lIran), ils interfèrent dans la liberté dexpression (voir leurs attaques contre Carter), ils protègent des voleurs (vous vous souvenez de Marc Rich [amnistié par Clinton] ?), ils espionnent leurs dissidents (comme dans le cas de Blankfort, en Californie), ils violent le système légal (en poursuivant en justice leurs adversaires idéologiques), ils agissent en cabale (défendant et dissimulant les crimes dIsraël). Et ils osent encore parler de la « perpétuation non-fondée de stéréotypes » ! Après cela, nous devrions nous attendre à voire la pizzeria du coin proclamer quelle fera tout pour venir à bout du préjugé contre les Italiens, qui voit en eux les plus grands dévoreurs de spaghettis devant lEternel
Généralement, les juifs recourent largement aux stéréotypes et aux préjugés, à condition, bien sûr, quils portent sur quelquun dautre queux Michael Kinsley, une lumière parmi les mandarins juifs (Harvard, Oxford, Los Angeles Times, Slate, CNN, New Republic, Time, Economist, Harper etc) a béni la diffusion de stéréotypes sur les Arabes : « Quand des malfrats menacent quelquun parce quil a lair arabe, cest du racisme [parce que ce sont dautres qui le font Israël Shamir]. Quand des responsables de la sécurité des aéroports séparent des hommes au type arabe afin de les fouiller au maximum, cest autre chose [dès lors que cela est fait sous le contrôle dun juif bon teint, cher M. Chertoff I. S], car les personnels de la sécurité des aéroports ont un motif rationnel de faire cela. Un homme de type arabe sapprêtant à prendre lavion a, statistiquement, plus de chances dêtre un terroriste. Cette probabilité est infinitésimale, mais cest lensemble du fonctionnement dun aéroport, qui tient à des probabilités infinitésimales » Bigre !
En fait, cest lensemble de votre vie qui est fondé sur des probabilités infinitésimales, mais les chances que notre ponte juif moyen soit violemment anti-arabe, pro-guerre, hostile à lIran, et observe généralement la « ligne du parti », ne sont pas négligeables du tout. Elles sont meilleures quà la roulette. Il y a des exceptions, mais eux ont conscience dêtre des exceptions ! Le stéréotypage des juifs est tout-à-fait justifiable, et seul un changement de comportement de leur part pourra changer les choses.
LADL donne un très mauvais exemple aux autres groupes sociaux. Au lieu de travailler autrement, ou de changer de comportement, ils copient servilement les juifs et maugréent à propos des préjugés. Si les Japonais avaient fait cela, ils seraient en train de produire des bagnoles de pacotille, encore aujourdhui, mais les lois « anti-haine » contre la discrimination nous interdiraient den faire mention. Les lois anti-haine et le politiquement correct peuvent certes imposer le silence sur un problème, mais en aucun cas le régler.
Je suis bien payé pour le savoir : ma propre communauté russe avait une très mauvaise image, dans un Israël qui reconnaît avoir beaucoup de préjugés. Au lieu de geindre, les Russes ont créé leur propre théâtre, aujourdhui sans doute le meilleur en Israël, ils ont fait la promo de leurs propres quotidiens dinformation et de leurs propres partis politiques, et, finalement, ils ont réussi à saffirmer et à gagner en considération. Bien entendu, ils ont été énormément aidés par la Russie de Poutine, qui a, de son côté, réaffirmé la fierté russe.
En Californie, jai rencontré les Black Muslims, des hommes et des femmes au langage châtié et tirés à quatre épingles, des gens que lon respecte parfaitement, sans quils aient besoin den appeler aux lois anti-haine. Ils me rappellent le jeune sénateur Barack Obama, un autre dirigeant qui na nul besoin de condescendance ou de plaidoyers de qui que ce soit.
Les gens doivent être égaux devant la loi ; cela va sans dire. Mais le stéréotypage et les préjugés correspondent généralement à la réalité, et ils ne changeront pas tant que la réalité ne changera pas ou ne sera pas changée.
LAnti-Defamation League nest absolument pas un moyen permettant dévacuer les stéréotypes, mais, au contraire, un important facteur de pérennisation. Avec leur armée davocats, avec leurs ressources financières apparemment illimitées et leur accès au pouvoir, ils sont en mesure dinterdire toute expression des sentiments, et les sentiments rentrés exploseront, tôt ou tard, avec une force accrue. Une force dévastatrice.
Ils sont en train de répéter lerreur des Soviétiques : le Parti avait interdisait toute critique, les gens sauto-censuraient, dissimulaient leurs sentiments, et leur explosion balaya le rôle du Parti. Au départ, les régimes démocratiques ont reconnu la liberté de parole et de critique, parce que cela offrait un exutoire aux sentiments du peuple, tout en modérant le besoin de révolutions violentes. Aujourdhui, avec son pouvoir suprême en matière de censure et dintimidation, la Juiverie organisée a pratiquement reconquis le terrain perdu par le Parti.
Si les trois candidats des principaux partis à la Présidence américaine sapprêtent à aller, le chapeau à la main, proclamer leur fidélité à lAIPAC, si un ancien Président ne peut pas exprimer ses opinions sans être brutalement agressé par lADL, lAmérique a peut-être besoin dune révolution afin de reconquérir sa liberté dexprimer ses sentiments, à moins que les activistes gémissants de lADL naient été peu ou prou domptés, pour commencer.