Israel Shamir

The Fighting Optimist

Envers et contre tout

ENGLISH TRANSLATION: Against All Odds

On a toujours une impression d’étalage indécent, devant la bedaine flasque de Michael Moore, comme devant les parties génitales d’une dame d’âge mûr. Le gros  tas de viande aurait pu diriger la marche des vieilles peaux sans bonnet de chatte rose, son visage seul aurait suffi. En fait il ressemble à George Soros : même sale tronche obscène. Pour moi, son apparence devrait suffire à le plomber : comme Oscar Wilde, je pense que les créatures laides sont immorales. Il suffit de regarder Madeleine Albright, autre face de croupion. Mais s’il vous en faut plus, son livre Stupid White Men [paru en 2003, non traduit à ce jour] est le livre le plus exécrable qui ait été publié aux US en ce siècle : là il proclamait que si les passagers du 11 septembre avaient été noirs, jamais il n’y aurait eu d’attentat. Et voilà que Mike tête de bite a mis à poil les plans secrets de Poutine et a appelé à introniser la Clinton parce que Trump est un espion russe. Des années auparavant, il avait protesté contre la guerre en Irak, et maintenant il appelle à l’Armageddon nucléaire. Avec des ennemis pareils, pas question de lâcher Trump.

Trump est foutu, s’écrient partisans et honnisseurs de concert. Il a été battu, brisé, il ne s’en relèvera pas. C’est un canard boiteux qu’il faut traîner devant les tribunaux. Il va ramper, il va retourner dans sa tanière dorée, et laissera la Maison blanche à qui de droit, ou mieux encore, il filera retrouver son compère Vlad Poutine.

Eh bien non, chers amis et lecteurs, Trump se bat de pied ferme, même si ces choses-là prennent du temps. Ce n’est pas si facile, de changer de paradigme, les dés avaient été lourdement chargés pour l’éliminer dès le départ. Et pourtant, il a gagné la première manche, et il va continuer. C’est un garçon têtu, et il persévère. Les juges corrompus le menottent, la CIA et la NSA balancent ses initiatives au New York Times, à CNN et à la BBC, mais il reste droit dans ses bottes, prêt à livrer bataille contre son ennemi, l’ennemi de l’Amérique, l’hydre qui a tant de têtes à trois lettres.

Il y a des coureurs qui veulent voir la victoire tout de suite, et ils se découragent au premier obstacle. Un juge intoxiqué de pouvoir ouvre les portes de l’Amérique aux troupes de choc de Daech, en annulant un décret extrêmement modéré et prudent, et les voilà qui se tordent les mains. C’est terrible, mais que pouvait faire Trump ? Ne rien faire parce que son ordre serait invalidé ? Il fallait qu’il tente le coup, pour que les gens voient les choses en face, et puissent juger les juges. Aligner les juges dos au mur sur la frontière mexicaine au petit jour ? Il ne peut pas encore se le permettre, mais cela aurait du sens.

Flynn a dû partir et ils s’écrient « tout est perdu ». Ce serait très grave, en fait, si Trump s’était couché, dans ce cas, mais il n’en est rien. Lors d’une conférence de presse absolument publique et très relayée, avec le premier ministre Netanyahuo, Trump a déclaré : « Michael Flynn, le général Flynn, est un homme remarquable. Je pense qu’il a été traité très injustement par les médias, et je les appelle médias menteurs. C’est extrêmement malhonnête, ce qui est arrivé au général Flynn, la façon dont ils l’ont traité, et les documents et papiers qui ont fuité, j’insiste, en toute illégalité. Terriblement malhonnête. » Ce sont les paroles d’un combattant, d’un homme qui a perdu une bataille, ou une escarmouche, mais qui continue à mener la guerre.

Peut-être aurait-il mieux valu qu’il garde Flynn, mais la politique, c’est l’art du possible. Les mots de Trump pour soutenir le général démis sortaient complètement des clous.

Trump avait rencontré Netanyahou, et  les âmes sensibles ont annoncé que le président US s’aplatissait devant le funeste lobby. Mais c’est tout le contraire ; l’ADL, les troupes d’assaut juives, l’ont attaqué parce qu’il refusait d’entonner leur mot favori : antisémitisme. Haaretz a déclaré : oui, Trump est un antisémite, tandis qu’un  édito du New York Times s’interrogeait gravement sur son refus de cracher le gros mot en question comme on le lui demandait ; les rabbins parlèrent de remarques terrifiantes et antisionistes parce qu’il refusait d’entonner la rengaine éculée  dite « solution à deux Etats ». Au fait, soulignons que les Palestiniens soutiennent bel et bien la solution à un seul Etat mentionnée par Trump et ils ne croient pas une seconde à la mythique solution à deux Etats, équivalent moyen-oriental de la quadrature du cercle. Trump n’a rien voulu entendre, il a sorti son engin préféré, l’argument du soutien à Bibi Netanyahou ; avec ce bouclier flamboyant il a su désarçonner les meutes de chasseurs d’antisémites, sans pour autant faire ce qu’ils voulaient.

Il vaudrait mieux de toute façon qu’il oublie complètement les juifs, mais ce n’est pas faisable tant qu’ils ont la main mise sur tous les médias menteurs et sur le cœur des Américains ordinaires. Refuser de condamner l’antisémitisme, c’est l’extrême limite de l’audace pour un politicien américain, sauf à se jeter la tête la première dans le précipice.

Après cet éclaircissement, il faut bien admettre que le premier mois de la première présidence de Trump a été assez raide. Nous espérions que les forces vaincues seraient raisonnables et permettraient au nouveau président de mettre en œuvre son programme, mais ils ont poursuivi leur bataille d’arrière-garde. Sa  tâche est colossale : Trump ose vouloir enterrer le capitalisme globalisant avant qu’il engloutisse les travailleurs européens et américains. Sans Trump, l’Amérique et l’Europe seraient envahis par des millions de gens à qui l’on a arraché leur toit dans les guerres dites préventives. Sans Trump, les travailleurs américains et européens seraient broyés, à force de bosser dans des hambourgueries, tandis que les financiers leur pomperaient sang, sueurs et pleurs. Un virage aussi radical ne pouvait pas ne pas susciter d’opposition.

Pensez aux gens qui ont réussi des changements radicaux d’une telle magnitude. Je ne mentionnerai pas de noms, pour ne pas vous faire peur. Aucun d’entre eux n’avait une personnalité particulièrement attachante, mais ils avaient pour eux leur charisme, une volonté de fer, une bonne mémoire, la persévérance, et ils voyaient loin ; c’étaient des maîtres de la tactique, parce qu’ils sentaient quand c’était le moment de faire un pas en arrière ou de foncer. Et il se pourrait que Trump ait ces qualités. Mais surtout, ils avaient généralement un parti loyal pour les soutenir, ou du moins une armée ou des services secrets à leur disposition. Or Trump n’a rien de tout ça.

Ces outils supplémentaires sont indispensables pour mater les éléments non démocratiques et non élus au gouvernement : aux US, le pouvoir judiciaire et les médias, deux des quatre pouvoirs décisifs, sont profondément  anti-démocratiques. Les médias sont habituellement la propriété de riches juifs, et ils font leur jeu. Les juges sont instinctivement antidémocratiques ; ils méprisent la démocratie et l’opinion populaire.

La machine judiciaire est aussi lourdement judaïsée : trois ou quatre des neuf juges à la Cour suprême sont juifs. Le président Obama avait tenté d’installer un juge juif supplémentaire, et des éléments pro juifs vont se battre pour empêcher un non juif de leur « voler »  la place. Il y a tellement de magistrats, d’avocats et de professeurs de droit juifs qu’ils imposent leur imprimatur à toute la profession. Aucun changement radical ne peut être mis en route tant que ces pouvoirs n’ont pas été bridés.

Trump ne dispose pas d’un parti loyal, ni de services secrets de confiance. Les services d’intelligence US sont contre lui, l’espionnent et livrent leur butin à ses ennemis politiques. Le parti républicain se méfie de Trump. Il y a trop de Républicains en train d’aiguiser leurs couteaux dans son dos, à commencer par le vieux traître Mc Cain. Les sénateurs républicains et les représentants ont une énorme dette envers leurs donateurs (largement juifs) ; ils ont besoin du soutien des médias pour se faire réélire.

Trump devrait établir un  contrôle sur son parti, en plaçant  ses fidèles et en chassant ses adversaires qui sont dans les appareils du parti, au Sénat et au Congrès, même si quelques siègse doivent échoir à un démocrate. Ce n’est pas une mission impossible. Cela instillera quelques saines frayeurs dans les cœurs portés à la soumission.

Reprendre le contrôle des services secrets, c’est relativement facile : pour commencer, déclencher une chasse aux sorcières contre les traîtres qui ont balancé aux médias le contenu de conversations  téléphoniques classifiées. Cela relève de la haute trahison ; des tas de gens à la loyauté douteuse peuvent être démis de leurs fonctions sur de simples soupçons. Un aller simple pour Guantanamo aidera les traîtres potentiels à y voir plus clair. Ils devraient être traités aussi durement que le pauvre Bradley Manning l’a été. Et de toutes façons, les services secrets sont totalement gonflés ; les US ne peuvent pas entretenir un million d’espions. 80% de leurs effectifs devraient s’en aller, rejoindre le marché du travail et se rendre utiles. Et ceux qui resteront seront loyaux.

On peut juguler les médias de bien des façons. En général, ce genre d’entreprise ne rapporte guère, et ils sont fragiles  face à des OPA hostile ; d’autres peuvent être brisés en vertu de la législation anti-trust. Il suffit d’un contrôle fiscal pour faire plier le genou à un baron hostile, dans le monde des médias. Dans le cas du New York Times, leur système d’actions à plusieurs étages peut être attaqué par les actionnaires car parfaitement injuste. La mesure la plus recommandable et radicale serait de séparer le contenu publicitaire du reste, en interdisant à ceux qui font appel à la publicité de publier du contenu politique, comme je l’ai déjà suggéré, mais il lui faudrait pour cela l’approbation du Congrès. [“Dix leçons pour sauver le monde”,

http://www.israelshamir.net/French/Save-the-world-Fr.htm]

Les juges sont humains ; les juges hostiles qui se croient au-dessus du Président et du Congrès peuvent soumis à des contrôles approfondis, avec amendes à la clé. Les postes à vie devraient être abolis dans les tribunaux et les universités.

La tâche qui attend le président Trump est donc redoutable, mais pas insurmontable. Tailler dans les services de sécurité jusqu’à les ramener au niveau des services britanniques ou français, qui sont d’ailleurs disproportionnés aussi. Rappelez-vous, après la Première Guerre mondiale, les US n’avaient pas de services secrets du tout, et ils étaient prospères. Terrorisez un baron de la presse et un sénateur républicain. Etalez au grand jour la corruption des juges de district. Ouvrez la boîte de Pandore dans la Fondation Clinton. Traduisez en justice quelques néocons pour avoir menti au Congrès. Rétablissez les passerelles avec Bernie Sanders. Appelez ceux qui vous soutiennent à prendre leur carte au Parti républicain et à consolider votre avance dans des primaires. Tout cela, certes, prendra du temps.

Maintenant vous comprenez pourquoi les affirmations de nos collègues Paul Craig Roberts et The Saker sont à tout le moins prématurés. Face à l’hostilité de l’ancien régime, Trump aura besoin de six mois au moins pour s’installer vraiment à la Maison blanche. A titre de comparaison, Poutine avait mis cinq ans à consolider son pouvoir, et cinq ans de plus pour le solidifier, alors qu’il avait le soutien total des services de sécurité russes et une constitution très autoritaire, écrite par les Américains pour leur homme de paille Boris Eltsine.

Le président Poutine se souvient que cela prend du temps. C’est pour cette raison qu’il n’est pas indûment outré du temps qu’il faut à Trump pour normaliser les relations US-Russie. Les fausses nouvelles sur un désenchantement des Russes envers Trump sont précisément juste cela : des fausses  nouvelles. Les Russes croient à une évolution positive dans les relations Russie-US, et ils ne retiennent pas leur respiration pour autant.

Mais pourquoi est-ce que je crois tellement que Trump va gagner, au bout du compte ? Les US ne sont pas une île ; ils font partie de l’Occident, et c’est tout l’Occident qui traverse un changement de paradigme.  Les têtes de bite ont perdu, les sans-dents ont gagné, et pas qu’un peu. Rappelez-vous, Trump n’a pas été le premier à gagner, il y a d’abord eu le Brexit. Entre le vote du Brexit et l’élection de Trump, le gouvernement britannique a hésité et temporisé. Les Britanniques n’étaient pas sûrs que le vote soit vraiment un signe de basculement, ou si c’était un coup de chance. Depuis la victoire de Trump, ils foncent.

Les juges britanniques –aussi félons que les Américains– ont essayé d’enrayer le Brexit en insistant  pour que la chose soit soumise à l’appréciation du Parlement. Ils croyaient fermement que le Parlement refuserait de prendre la chose au sérieux, et maintiendrait l’Angleterre dans l’UE, comme leurs médias l’exigeaient. Mais ils se trompaient. Le public britannique avait voté pour le Brexit à 52 contre 48%, mais les parlementaires britanniques ont approuvé le Brexit à 83 contre 17%. Les « déplorables », comme ils disent, ont gagné haut la main.

Traversons maintenant la Manche. La caste dirigeante françaies préférait que ce soit François Fillon (du centre droit, un républicain modéré, selon la terminologie américaine) qui hérite du siège du minable président Hollande. Sa victoire paraissait assurée. Mais alors qu’il s’apprêtait à marcher sur l’Elysée, un fait déplaisant a fait surface. Ce modeste membre du parlement a prélevé (volé, en bon anglais) un bon petit million de dollars sur les contribuables français sous prétexte que sa femme travaillait comme assistante parlementaire. [1]

Maintenant plus personne ne veut plus entendre parler de lui, et la reine des sans-dents, Marine Le Pen, a de bonnes chances de gagner le premier tour des élections en mai. Elle affrontera un socialiste modéré, Emmanuel Macron, et il n’est pas très affriolant [pro gay, pro Israël, loi travail, démago, pinocchio etc]. Sa rhétorique consistant à la traiter d’aigrie, d’ennemie de la-liberté-égalité-fraternité, parce qu’elle n’est pas emballée par l’immigration arabe, ne sera probablement pas écoutée [malgré les efforts désespérés des médias]. Les gens en ont marre, et ils ne sont pas convaincus que plus d’Arabes signifie plus d’égalité. Si bien que Marine peut gagner, et la France deviendra une alliée de l’Amérique de Trump.

Fillon a accusé des « forces de l’ombre » de chercher à le démolir, et il a probablement vu juste. Cette révélation a coupé les ailes à ses équipiers, et c’est arrivé au moment juste, exactement comme dans le cas des courriels sur la Convention démocrate. Dans les deux cas, le crime, ou du moins la malversation, était bien réel, et l’un comme l’autre méritaient d’être battus. Dans les deux cas, seule une force vraiment puissante et « obscure » pouvait faire que cela prenne. Ce n’est pas la Russie ; la Russie ne joue pas encore dans cette équipe, pour le moment. On est en présence d’une force occidentale mystérieuse revendiquant un capitalisme nationaliste, contre une force globaliste libérale adepte de la séquence « je t’envahis et après je t’invite ». Cette force a aidé Trump à atteindre la Maison blanche, elle est à l’origine du Brexit, elle a écarté Fillon du chemin de Marine. Il est probable que la Merkel perdra les élections qui viennent, mettant un terme au projet d’Obama d’installer l’Allemagne dans le rôle de pilier d’angle du monde libéral globalisé.

Les Maîtres du Discours sont en passe d’être battus dans tout l’Occident. Les reculades provisoires de Donald Trump ne modifieront pas cette tendance. Le capitalisme productif national est prêt à prendre le relais des financiers, des barons des médias, des promoteurs de minorités, des toilettes transgenre et des études féministes. La bataille est loin d’être finie, mais en attendant, il semble bien que les sans-dents soient en passe de gagner, et que les faces de teuche sont en train de perdre.

Nous ne savons pas qui les porte, dans le fond, les « déplorables ». Quand le Brexit a gagné, les Maîtres du discours ont dit que c’était la faute des retraités, des racailles, des beaufs. Mais ensuite, le parlement a donné son soutien au Brexit. Mme Clinton méprisait les sans dents, mais aujourd’hui c’est Trump qui siège à la Maison blanche. Avec la France et l’Allemagne qui attendent leur tour, une nouvelle force entre en scène, et elle est soutenue par les majorités autochtones. Qui la dirige, cette force, par derrière ? Les industriels, les gens qui croient en l’esprit, ou simplement l’esprit du temps, le Zeitgeist ? Quoi qu’il en soit, cette force va aider Trump, s’il persiste.

 

Pour joindre l’auteur : adam@israelshamir.net

Traduction, ajouts et note : Maria Poumier

Original publié dans The Unz Review.

 

[1] Shamir tient déjà compte des nuances que lui ont apportées ses premiers lecteurs français, sur la manœuvre médiatique foudroyante pour pulvériser la candidature Fillon, et il les  publie dans les commentaires à son article en anglais.

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