Israel Shamir

The Fighting Optimist

Orient Express

traduit de l’anglais par Christian Chantegreil

[MediaMonitor]

 

Comme les quatre Chevaliers de l’Apocalypse, les kamikaze inconnus ont précipité leurs vaisseaux géants sur les deux symboles visibles de la domination mondiale américaine, Wall Street et le Pentagone. Ils ont disparu dans les flammes et la fumée, et nous ne savons toujours pas qui ils étaient. Théoriquement, ils pourraient être à peu près n’importe qui : nationalistes américains, communistes américains, chrétiens fondamentalistes américains, anarchistes américains, n’importe qui rejetant les dieux jumeaux du dollar et du M‑16, haïssant la bourse des valeurs et des interventions à l’étranger, rêvant de l’Amérique pour les Américains, ne voulant pas soutenir la course à la domination mondiale.

 

Ils pourraient être des amérindiens revenant à Manhattan, ou des afro‑américains n’ayant toujours pas reçu de compensation pour l’esclavage.

Ils pourraient être des étrangers d’à peu près n’importe quelle origine, puisque Wall Street et le Pentagone ont ruiné la vie d’une multitude de gens dans le monde entier. Les allemands peuvent se souvenir du terrible holocauste de Dresde avec ses centaines de milliers de réfugiés inoffensifs que l’U.S. Air Force a anéantis. Les japonais n’oublieront pas l’holocauste nucléaire d’Hiroshima. Le monde arabe constate chaque jour l’holocauste rampant en Iraq et en Palestine. Les russes et les européens de l’Est peuvent considérer Belgrade vengée de sa honte. Les latino‑américains pensent aux invasions U.S. du Panama et de Grenade, au Nicaragua détruit et à la Colombie défoliée. Les asiatiques comptent par millions leurs morts de la guerre du Vietnam, des bombardements au Cambodge, des opérations de la CIA au Laos.

Même un présentateur de la TV russe pro‑américain n’a pu s’empêcher de dire, ‘maintenant les américains commencent à comprendre les sentiments de Bagdad et Belgrade’.

 

Les Chevaliers pourraient être n’importe qui, des citoyens à qui les banques ont pris leur maison, ou que l’on a chassé de leur emploi et qui sont devenus chômeurs permanents, ou qui ont été déclarés Untermensch (être inférieur) par le nouvel Herrenvolk (race des seigneurs). Ils pourraient être russes, malais, mexicains, indonésiens, pakistanais, congolais, brésiliens, vietnamiens, puisque leurs économies ont été ruinées par Wall Street et le Pentagone. Ils pourraient être n’importe qui, et ils sont tout le monde. Leur identité n’est pas vraiment importante, car leur message est plus important que leur personnalité, et leur message s’affiche clairement et fermement de par le choix de leurs cibles. Je me demande si les quatre Chevaliers auraient visé Hollywood ou le Washington Post ?

 

Leur identité n’est pas vraiment importante pour une raison supplémentaire, les élites juives ont déjà décidé : ce ne peut être que des arabes. Après l’attentat en Oklahoma, on aurait pu penser que nous serions moins hâtifs dans nos conclusions. Mais mes compatriotes, les politiciens israéliens, sont des garçons impatients. Les flammes de Manhattan n’étaient pas encore éteintes, qu’ils commençaient à en récolter le bénéfice politique. M Ehud Barak est venu en personne sur la BBC, et a parlé d’Arafat au cours de ses trois minutes d’intervention. Sur CNN, son jumeau Bibi Netanyahu a jeté le blâme sur les arabes, les musulmans et les palestiniens. Shimon Peres, un vieux sorcier assagi, s’est exprimé contre le suicide comme un conseiller psychiatrique, rappelant ainsi à son auditoire les attaques de palestiniens. Il semblait inquiet : il est difficile d’asservir des gens qui n’ont pas peur de mourir. Cet ancien tueur de Kana a même évoqué les Gospels. La densité d’israéliens sur les ondes a approché le point de saturation. Ils ont insinué et incité, imposant leur liste des commissions à la face blafarde d’une Amérique clouée par les bombes : s’il vous plait, détruisez l’Iran ! et l’Irak ! et la Libye, siou plait !

 

Les premières vingt‑quatre heures d’exposition maximale ont été utilisées au mieux par la machine de propagande juive. Pas un seul fait n’était encore établi, que la calomnie raciste anti‑arabe était déjà un lieu commun. Alors que nous les juifs, condamnons à juste titre toute référence à la judéité d’un mauvais gars, cela ne nous gêne pas de produire nous‑même des radotages racistes révoltants. Un bon militant juif‑américain, James Jordan, a averti dans al‑Awda : “Faire des déclarations générales ou des insinuations à propos des “juifs” discrédite et marginalise complètement une organisation”. Mais comment se fait‑il que le flot continu de ‘généralités et insinuations’ sur ‘les arabes’ n’a pas ‘complètement marginalisé et discrédité’ les organisations juives et les média qui en font usage ? Apparemment, c’est un droit réservé aux juifs de décider qui sera marginalisé en Amérique et qui ne le sera pas.

 

L’association était faite, dans les esprits, car Israël ne représente qu’un modèle réduit de leur meilleur des mondes globalisé. Comme il n’y avait pas de fait avéré contre les palestiniens, les israéliens et leurs agents dans les réseaux médiatiques de l’Occident ont fait de leur mieux avec les scènes de joie filmées à Jérusalem Est. C’est une grave distorsion de la réalité. Personne ne célèbre la mort cruelle de civils innocents, alors que les gens peuvent se réjouir de la chute du symbole haï. L’Amérique a célébré le jour de sa victoire, pas la mort d’allemands et de japonais.

 

Quand les américains se réjouissaient des frappes chirurgicales de leurs missiles à Bagdad en 1991, ils célébraient leur réussite, et ne se réjouissaient pas de l’odeur agréable de la chair humaine brûlée.

Les soit‑disant réjouissances palestiniennes sont donc un horrible moyen de lavage de cerveau, venu directement de la boîte à propagande des nazis. Cela rappelle la dernière invention des juifs à propos des palestiniens qui envoient leurs enfants mourir pour en tirer bénéfice. Les deux mensonges sont si inhumains, si choquants, qu’ils disent tout de ceux qui les formulent. Je suis désolé pour les palestiniens, les gens les plus diabolisés sur terre, je suis encore plus désolé pour les américains qui absorbent le poison de leur média. Ils ne voient pas que les agents d’Israël essaient d’utiliser chaque victime américaine. Oublier les palestiniens, il y avait un trop grand élan de par le monde.

 

Dans le Meurtre de l’Orient Express d’Agatha Christie, son détective favori M. Poireau fait face à une difficulté inhabituelle ; tous les passagers du train avaient une bonne raison d’assassiner l’antipathique veille dame. Mes chers amis américains, vos dirigeants ont mis votre grand pays dans la peau de la vieille dame.

 

Les israéliens ont utilisé l’événement au maximum. Ils ont même tué une vingtaine de palestiniens dont une fillette de neuf ans, il ont envahi Jenine et Jericho, et détruit des Goyish houses (maisons de gentils) dans Jérusalem. Les communiqués étaient assez joyeux, dans le style ‘on vous l’avait bien dit’, et les experts de la télévision israélienne on conclu, avant une heure, que l’attaque ‘était une bonne chose pour les juifs’. Pourquoi ? Parce que cela allait renforcer le soutien des Etats‑Unis à Israël.

 

L’attaque kamikaze pourrait en effet avoir cette conséquence. L’Amérique pourrait inaugurer un nouveau cycle de violence dans ses difficiles relations avec le monde. La vengeance suivra la vengeance, jusqu’à ce que l’un des deux camps soit anéanti par une explosion nucléaire. Il semble que le président Bush préfère cette voie. Il a déclaré la guerre à ses adversaires et à ceux d’Israël. Bush n’a même pas compris qu’il y a plusieurs années que la guerre a été déclarée par les Etats‑Unis, ce n’est que maintenant qu’elle débarque chez lui. Tant de personnes sont écœurées par l’approche brutale de l’Amérique, que le compte à rebours de la prochaine attaque a déjà commencé.

 

Ou bien, l’Amérique pourrait voir ce coup douloureux porté à sa Wall Street et son Pentagone, comme un dernier appel au repentir. Il lui faudrait changer de conseillers, et construire de nouvelles relations avec le monde, sur une base d’égalité. Elle aurait probablement à maîtriser les élites de Wall Street et des media, partisanes de la suprématie juive, obsédées par la domination, et en partie associées avec l’apartheid israélien. Elle pourrait alors redevenir l’Amérique aimée universellement, l’Amérique plutôt provinciale de Walt Whitman et Thomas Edison, de Henry Ford et Abe Lincoln.

 

Maintenant le Président Bush a le choix entre le chemin de la vengeance du Vieux Testament et l’esprit d’amour du Nouveau Testament.

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