Le Brexit c’est bon pour vous
Peu de gens s’attendaient à l’issue positive du referendum pour le Brexit. Dubitatif parmi d’autres, je pensais que le gouvernement britannique ferait sienne une quelconque manipulation à la Clinton, et proclamerait que le Bremain (« Britain Remain” ) avait gagné d’une façon ou d’une autre. Nous en avons tellement vu, de ces tours de passe-passe, pour les primaires démocrates, cette année ; les votes n’avaient pas été comptés, que les journaux proclamaient déjà Hillary gagnante ; des millions de gens n’ont pas pu voter du tout, car chassés des listes ; Trump se voyait diabolisé comme un nouvel Hitler ; et je pensais qu’ils feraient les mêmes coups en douce au Royaume Uni.
L’establishment politique des deux partis dirigeants, les Conservateurs et les Travaillistes, voulait rester dans le doux giron de l’UE. C’était le vœu de la banque d’Angleterre, de la City de Londres, des puissants patrons des médias, de la minorité créative des yuppies, des intellos cosmopolites.
Ils ont traité les tenants du Brexit de racistes, de xénophobes, de ringards, d’illettrés, de ploucs, de prolos, de nationalistes, de chavistes et j’en passe. Ils ont appelé le magicien visionnaire Soros et il a prédit que les Rosbifs allaient perdre beaucoup d’argent en cas de Brexit. Ils ont fait de la mort tragique de Jo Cox une grande fête pour le « in », avec une célébration morbide de l’anniversaire de l’assassinée en plein Trafalgar Square, dans la meilleure tradition des Maîtres du Discours. Voilà le Brexit maté, ont proclamé les faux prophètes de médias.
J’avoue que malgré toute ma vie consciente passée à évaluer les infos de guerre, moi aussi je me suis laissé égarer. Au lieu de voir les pronostics pour ce qu’ils étaient, concrètement, des efforts effrontés pour persuader l’opinion, ou des désirs pris pour des réalités, j’y ai presque cru. Le pessimisme m’avait gagné, sur le mode « tout est parfaitement ficelé d’avance, dans les chambres noires des puissants ». Les nouvelles de ce vendredi 24 juin au matin m’en ont paru d’autant plus douces.
Félicitations, les Anglais : vous avez vaincu la peur et le découragement, vous avez refusé d’accepter la défaite. Vous êtes les vrais fils de ceux qui ont livré la Bataille d’Angleterre au lieu d’accepter le sort décidé pour vous par Berlin et Bruxelles. Vous avez porté un coup au nouveau Reich, et nous avez redonné espoir à tous.
Les Russes n’ont pas interféré, et n’auraient rien pu faire d’ailleurs ; ils pensaient cependant que le referendum était juste un petit jeu de Cameron, et qu’il n’y avait aucune chance d’échapper à la nouvelle prison des nations. Ils sont éberlués et heureux à la fois, maintenant, parce qu’ils espèrent que le spectre de la guerre va s’évanouir, et que les sanctions européennes vont disparaitre avec l’UE.
Les Européens sont tout excités, tandis que leurs politiciens sont consternés. Je me trouve en ce moment en Estonie, petit pays sur la Baltique, et les gens sont ravis, ici. Il n’y a rien de bon à attendre de l’UE, pour nous, m’a dit mon ami Mikhel, un nationaliste estonien. Il n’y a que ceux qui convoitent des postes confortables à Bruxelles, qui gagnent quoi que ce soit à l’UE.
Même sentiment en Suède, où les politiciens pro UE sont ceux qui ont lancé des vagues d’immigrants sur leurs rivages à une échelle biblique, et qui ont réussi à balayer pratiquement toute objection avec l’anathème « raciste ». Les Suédois n’ont pas été autorisés à organiser un referendum, mais s’ils avaient pu, ils auraient choisi massivement le Suexit. Ils sont particulièrement irrités par la bureaucratie non élue et sans nom de l’UE, par des gens comme Donald Tusk, l’obscur Polonais qui s’est retrouvé « président » de l’UE du jour au lendemain. Ils en ont plus qu’assez des hordes de Gitans qui campent devant leurs portes. Les Eurosceptiques sentent le vent fraîchir dans leurs voiles !
Le Brexit, c’est un évènement qui change les règles du jeu. Nous discernons une force puissante qui agit contre le gang global des banksters. Il est probable que cette force est rattachée aux industrialistes, les gens de l’économie réelle, qui n’en finissent pas de souffrir sous le régime néolibéral des économies aux mains des banquiers. Les ouvriers peuvent les soutenir, et apparemment ils le font, parce que les banquiers veulent la destruction du monde. Le pouvoir montant que l’on ressent derrière Trump et le Brexit, c’est une alliance entre les travailleurs et les véritables entrepreneurs, en opposition avec ceux qui causent et qui posent, et avec les financiers.
Et puis surtout, les Anglais ont donné de l’espoir aux Américains. Si les Anglais ont pu défaire une puissante coalition de l’establishment des partis, des médias, des intellos mercenaires et des banquiers, les Américains vont y arriver aussi. Désormais, nous savons que Trump peut gagner. Au lieu d’une nouvelle guerre mondiale, les peuples peuvent obtenir la paix. Au lieu de donner tout leur argent aux banques et au Pentagone, la récompense du travail peut être partagée entre les gens qui produisent la richesse de chaque nation.
Le principal argument contre Trump qui continue à régner sur les réseaux sociaux relève du politiquement correct : c’est un blanc, et donc un raciste, il est contre les musulmans, il ne va jamais dans une boîte de nuit gay, il n’appartient pas aux minorités autorisées. Argument brillamment pulvérisé par mon homme politique préféré aux US, la courageuse et belle Cynthia McKinney, ex-députée de la Géorgie, ex-candidate du parti Vert à la présidence. Elle a été parmi les très rares personnalités à s’être élevée contre le lobby israélien tout puissant, elle a pris la mer avec la Flotille de la Liberté pour secourir Gaza assiégée, et a été contre les guerres de Libye et d’Irak. Elle en a payé le prix : elle a été chassée par les dévots larbins du Lobby. Et c’est elle qui a posté ce tweet : « Le peuple a gagné, Cameron démission, faisons de même chez nous, tous ensemble ! »
Elle a asussitôt été interpellée par la police PC (politiquement correcte) :
Emerson Leandro: “Comment pouvez-vous vous réjouir de ce vote raciste ? Cela va amener la montée du fascisme en Europe. Tous ceux qui voulaient quitter l’Europe sont des racistes xénophobes. C’est atroce, et je regrette d’avoir à vous l’expliquer!”
Cynthia McKinney, PhD: “Mon cher, tu n’as rien à m’apprendre en matière de racisme, ma famille et moi, on connaît ! Je te rappelle que mon père était officier de police et militant pour les droits civiques”.
Vains dieux! Si j’étais Trump, je prendrais Cynthia comme ambassadrice, et nous gagnerions ensemble toutes les étapes jusqu’à la Maison Blanche et la gloire. Cynthia démolit les mensonges des antiracistes professionnels. Noire, elle est la plus blanche des députés. Femme, elle montre aux hommes comment braver les dangers.
C’est tout le schéma truqué de l’identité qui s’écroule, le schéma des minorités contre la majorité, édifié par les Maîtres du Discours, le schéma qui peut être saboté, et qu’il faut abattre. Nous pouvons tous ensemble être contre les financiers et leurs intellos achetés, à la botte.
Oui, nous avons fait de beaux rêves avec Bernie Sanders, mais le sénateur du Vermont a montré qu’il manquait d’étoffe. Il n’a pas osé s’exprimer contre la Clinton ; il n’a pas osé offrir à Trump d’unir leurs forces contre l’establishment politique : il a promis de soutenir Clinton contre Trump. Quel dommage que ce bon garçon soit si faible. S’il prend Cynthia avec lui, Trump peut rassembler tous les gens qui se sentent perdus, après la défaite de Bernie.
La victoire du Brexit prouve que la victoire est possible. Il faut gagner, comme le dit Boris Kagarlitsky : « le changement s’en vient, pas seulement au plan de la logique politique et sociale, mais aussi à cause du fait que le modèle de capitalisme en place est objectivement au bout du rouleau. Et si la gauche ne veut pas et ne peut pas le combattre, ce seront les populistes d’extrême-droite comme Donald Trump et Marine Le Pen en France qui lui assèneront le coup fatal, à ce mauvais ordre mondial. »
Original publié sur The Unz Review.
Pour joindre l’auteur : adam@israelshamir.net
Traduction : Maria Poumier