De temps à autre, on a un observateur qui remarque une action juive concertée, et qui en fait part pro bono publico. Soit c’est le fait que les Juifs soutiennent l’immigration du Tiers monde, soit que les Juifs combattent les monuments mémoriels, ou encore, plus récemment, que les Juifs font la promotion de la guerre contre l’Iran. Aussitôt ceux-ci ripostent avec une contre-attaque massive et véhémente, et rendent la vie très difficile à l’observateur trop bavard. Puis le sujet passe à un second plan, parce que chacun est échaudé, ou ne sait pas comment faire avancer le débat, mais le problème reste entier.
Voici un exemple récent de cette séquence, un article de Philip Giraldi paru sur Unz.com qui fait encore des vagues sur le web. Il a déroulé une liste de Juifs qui soutenaient l’invasion de l’Irak, et qui poussent maintenant les US à attaquer l’Iran :
“David Frum, Max Boot, Bill Kristol et Bret Stephens, Mark Dubowitz, Michael Ledeen… eh bien, euh, ils sont tous juifs, et la plupart d’entre eux se qualifieraient de néo-conservateurs.” [Le 21 septembre, Giraldi a été congédié par un simple coup de fil du American Conservative, organe où il écrivait depuis 14 ans, ndt]
Giraldi a proposé de tenir les Juifs hors des positions d’influence en matière de politique étrangère, de façon à préserver les US des guerres dont ils n’ont aucun besoin. Giraldi écrivait : « Nous n’avons pas besoin d’une guerre avec l’Iran simplement parce que c’est Israël qui en veut une, et que quelques riches et puissant juifs américains sont heureux de nous la fournir clés en mains ».
De fait, le journal Ha aretz avait publié à l’époque, en avril 2003 : “La guerre en Irak a été conçue par 23 intellectuels néo-conservateurs, la plupart juifs, qui poussent maintenant le président Bush à changer le cours de l’histoire. Deux d’entre eux, les journalistes William Kristol et Charles Krauthammer, disent que c’est possible.”
Moi aussi j’avais publié dans la même veine lors de l’invasion de l’Irak, et c’est une bonne chose de voir que cette thèse n’est pas morte mais ressurgit de temps à autre. On pourrait ajouter que ce sont les mêmes personnes qui poussent à un conflit avec la Russie, qui diabolisent Poutine et qui attaquent Trump, malgré le fait que notre bonhomme orange tente de combler leurs moindres désirs comme un vrai père Noël.
Tout à fait d’accord avec Giraldi sur la maladie, venons-en à la question du remède. Cela servirait-il à quelque chose de maintenir les Juifs à l’écart de la politique étrangère ? Les US avaient ils échappé aux guerres avant l’ascension des Juifs à la fin des années 1960 ? Avant cette époque-là, les Juifs n’étaient guère à des postes en vue, et n’étaient certainement pas sur-représentés dans l’establishment. Ethel et Julius Rosenberg, couple de juifs, avaient été grillés sur la chaise électrique en 1953, ce qui n’avait pas soulevé d’objections particulières. Mcarthy terrifiait les juifs. Le mot Holocauste n’était pas encore apparu, avant 1968. On tenait encore les juifs hors des clubs et des hautes strates de la politique. L’Etat d’Israël avait été menacé en 1956 par les US plutôt qu’assisté.
Et pourtant, les US libres de Juifs avaient livré en Corée une terrible guerre de trois ans (1950-1953), au Viet-Nam (jusqu’en 1974), avaient envahi et provoqué le changement de régime au Guatemala et en Iran, avaient violemment interféré dans les élections en France et en Italie, et avaient livré la féroce Guerre froide contre l’URSS. Dans toutes ces campagnes, les juifs des US étaient dans le camp de la paix, et contre la guerre. Ils n’étaient nulle part au pouvoir lorsque les US avaient livré leurs guerres contre l’Espagne et le Mexique. Les US non juifs avaient organisé un coup d’Etat en Iran, et c’est le président Carter, ni juif ni pro-Israël, qui avait tenté d’envahir l’Iran. Les Juifs n’étaient pas impliqués dans la conquête de Panama, dans l’intervention au Nicaragua, dans l’opération sur l’île de la Grenade.
Peut-être parce que les juifs avaient quitté les théâtres de guerre d’Amérique latine pour le Moyen Orient. Une Amérique moins influencée par les juifs envahirait plutôt le Venezuela que l’Iran. Mais faut-il vraiment s’en réjouir ?
L’idée de corriger ou de canaliser une influence juive excessive est raisonnable, mais y parviendrait-on en maintenant Kristol et Krauthammer loin des medias (une excellente idée au demeurant)?
La prééminence juive aux US est intrinsèque à la culture US et à ses traditions. C’est Karl Marx qui écrivait (dans La Question juive, en 1844) qu’en Amérique du Nord, « la domination pratique du judaïsme sur le monde chrétien s’est installée comme l’expression même de ce pays, son expression sans ambiguïté et normale. » Il disait que tous les Yankees étaient des juifs, se conduisent comme des juifs, aspirent à être des juifs et se faisaient même circoncire comme les juifs. De sorte qu’il était naturel que les juifs pour de vrai réussissent mieux à se conduire en juifs que leurs voisins gentils. Werner Sombart ajoutait que les juifs étaient à la pointe de ce pays depuis le début de la conquête européenne, et qu’ils avaient créé le capitalisme de style américain avec la tournure qui leur convenait. Les juifs occupent les cimes en ce moment parce que l’Amérique est un produit construit et modelé pour les juifs, sur mesure, disait-il.
C’est cela qu’il faudrait corriger, et alors les scribes juifistes comme Krauthamers ne pourront plus s’en donner à cœur joie en nous précipitant dans les guerres. Cessez de souscrire au modèle de la réussite juive, et les juifs ne pourront plus peser sur le Sénat. Rendez chrétiens les US, selon l’enseignement du Christ, partagez le travail et la richesse, aspirez à servir Dieu et non Mammon, que les premiers soient les derniers et les derniers les premiers, aimez votre prochain et donc votre voisin : là le problème sera résolu.
Si c’est un commandement trop ambitieux, changeons de niveau. Chasser de leur piédestal les Ledeens et les Frum (et j’estime qu’ils méritent largement le goudron et les plumes) ne servira à rien tant que les juifs riches ne sont pas délestés de leur butin mal acquis. Sans la richesse juive excessive, il n’y aura plus d’incitation excessive des juifs à la guerre. Et dans la mesure où plus de la moitié de toute la richesse des US se trouve entre les mains de quelques juifs, libérer cette force aura un effet colossal pour améliorer l’existence de chaque Américain, et même de chaque personne sur terre.
Et pourquoi s’arrêter là ? Les super riches non juifs sont aussi juifs que n’importe quel juif. Ils partagent les mêmes aspirations. Arrachez-leur donc leurs avoirs. Qu’est-ce que ça peut nous faire, que Jeff Bezos soit juif par le sang ou par ses croyances, ou qu’il ne le soit pas? Il se conduit comme un juif, et c’est suffisant. Etablissez un plafond pour la fortune, en contrepartie du salaire minimum. L’idée a fait son chemin : Jeremy Corbyn a déjà appelé à l’implantation du salaire maximum. Les impôts peuvent contribuer facilement en ce sens, dans la merveilleuse Suède des années 1950, la tranche d’impôt supérieure était taxée à 102%. On peut atteindre le même but d’une façon plus réjouissante en mettant “à poil’ en place publique à Washington les hommes les plus riches, pour le Mardi-Gras. Il ne faut pas que cela apparaisse comme une punition pour leurs excès de zèle, au contraire, c’est une assistance sur la voie de leur progrès spirituel. Trop de richesses emprisonnent l’esprit !
Ce serait excellent pour les juifs et pour tous ceux qui sont concernés par le problème: tant que la richesse juive moyenne aux US stagnait en dessous de la moyenne (c’est-à-dire aussi longtemps que les Juifs ont été moins riches que les Gentils), les juifs agissaient dans l’intérêt du peuple. Vers 1968-1970, ils ont commencé à devenir plus riches que tous les Américains, et voilà : ils ont cessé de se battre pour le bien commun.
Les juifs pourraient devenir une force positive à condition que leur tendance excessive à amasser des biens matériels soit verrouillée. C’est ce qui s’est passé en URSS : comme les juifs ne pouvaient pas faire d’argent, ils se sont mis à faire des sciences et ont travaillé au bien commun. Même les oligarques pourraient devenir de bons managers au lieu d’être un châtiment pesant sur la nuque de toute la société.
Ce n’est pas plus compliqué que de chasser Max Boot du business de l’écriture. Alors pourquoi se contenter d’un palliatif quand on peut viser la jugulaire ?
Traduction: maria POUMIER
Première publication: The Unz Review.